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jeudi, 22 septembre 2016

Présidentielles françaises : quel avenir pour les musulmans de France ?

En France, la question des rapports entre islam et République reste au cœur des débats politiques à huit mois de l’élection présidentielle. Dimanche, les résultats d’une étude réalisée par l’Institut Montaigne ont été publiés par le Journal du Dimanche. Et les résultats sont très surprenants notamment quand l’étude affirme que 28% des musulmans de France ont « adopté un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République », s’affirmant « en marge de la société ».

Des conclusions qui ont donné lieu à une vive polémique. Ce qui confirme que l’islam et les musulmans vont continuer à occuper une place importante dans le débat politique. Les amalgames et les vexations risquent d’être nombreux.

À droite, les trois candidats favoris, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen (extrême-droite) ont déjà axé une large part de leur discours politique sur les modalités d’inscription de l’islam dans le paysage culturel français.

Dans son discours, Alain Juppé prône la notion d' »identité heureuse », en opposition à l’assimilation proposée par Nicolas Sarkozy. Il propose une « intégration » qui inclurait la discussion avec les chefs musulmans à travers la création d’un conseil national des cultes qui définirait « en accord avec les autorités représentatives des Français musulmans les règles relatives au recrutement des imams, à leur formation civique, à l’utilisation de la langue française pour les prêches et à la transparence du financement des lieux de culte ». Pour lui, « la laïcité n’est pas et ne doit pas être un combat contre les religions ».

Nicolas Sarkozy, raillant régulièrement le concept d’identité heureuse d’Alain Juppé, propose quant à lui une « vaste politique d’assimilation » et la lutte contre la « tyrannie des minorités », selon Le Monde. Lundi 12 septembre, Nicolas Sarkozy affirmait refuser d’être le « président de l’impuissance publique », ajoutant qu’il « protégerait les Français ». « Pour protéger votre liberté, nous devons réduire la leur », en allusion aux terroristes. Mais peut-être pas seulement.

Nicolas Sarkozy a déjà clairement précisé que, s’agissant de religions, c’était l’islam qu’il visait. Il réclame l’interdiction du port du burkini et l’interdiction du voile dans les entreprises et sur les lieux de travail. Il s’oppose également aux menus de substitution dans les cantines scolaires.

Lundi soir, lors d’un meeting, il est allé encore plus loin : « Nous ne nous contenterons plus d’une intégration qui ne marche plus, nous exigerons l’assimilation. Quelle que soit la nationalité de vos parents, jeunes Français, à un moment où vous devenez Français, vos ancêtres, ce sont les Gaulois et c’est Vercingétorix. » Des propos qui ont provoqué une vive polémique.

Par ailleurs, le candidat affirme vouloir une réduction drastique de l’immigration, un durcissement des conditions d’acquisition de la nationalité française et le « placement préventif en centre de rétention fermé » de « tout Français suspecté d’être lié au terrorisme ».

L’ancien président entend de plus donner au Conseil français du culte musulman la légitimité d’habiliter les imams, sous contrôle du ministère de l’intérieur, et accorder un droit de veto au ministère de l’Intérieur sur la construction des lieux de cultes, ainsi que la possibilité d’interdire les prêches des imams dont les propos seraient contraires aux règles de la République, selon Direct Matin.

Pour Marine Le Pen, l’islam est compatible avec la République

Dans ce débat, c’est Marine Le Pen qui a le plus surpris. Lors d’une intervention télévisée diffusée le 11 septembre sur TF1, elle a affirmé croire que l’islam était compatible avec la République, en précisant faire référence à « un islam (…) laïcisé par les Lumières comme les autres religions. » L’affirmation n’a guère eu de succès parmi ses militants, souligne toutefois le magazine Marianne.

En fait, Marine Le Pen n’a pas changé d’avis sur les musulmans et l’islam. La candidate d’extrême-droite œuvre surtout à dédiaboliser le Front national et à « lisser » son image afin d’attirer un électorat rebuté par les positions très radicales de son père, Jean-Marie Le Pen, notamment à l’égard de la religion musulmane.

D’ailleurs, son programme électoral, qui fait référence à une « ‘islamisation de plus en plus visible » et dont un important volet est consacré aux questions d’immigration et de laïcité, promet la réaffirmation de « l’autorité de l’État », l’interdiction du financement public des lieux de culte, l’instauration d’un ministère de l’intérieur, de l’immigration et de la laïcité et l’inscription dans la Constitution que « la République ne reconnaît aucune communauté ».

À gauche, des divisions au sujet du port du voile et du burkini

Plus surprenant, une partie de la gauche, notamment le Parti socialiste, a également durcit son discours sur l’islam. Parfois, certains responsables socialistes sont aussi virulents que leurs adversaires de droite. « Si l’islam n’aide pas la République à combattre ceux qui remettent en cause les libertés publiques, il sera de plus en plus dur pour la République de garantir le libre exercice du culte », a déclaré Manuel Valls. La menace est à peine voilée.

En août, il avait soutenu les arrêtés municipaux interdisant le burkini (ces arrêtés ayant été suspendus fin août par le Conseil d’État). Manuel Valls avait ensuite fait une déclaration surprenante sur le voile : « Marianne elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République ! ». Ces propos avaient créé la polémique, une historienne rappelant que Marianne était une allégorie et non une représentation de la femme.

Sarah Smail 

Tsa-Algérie

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