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vendredi, 23 septembre 2016

Un détenu radicalisé se voit remettre la liste des agents qui l’ont surveillé

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RTL le révèle : un homme en détention provisoire pour meurtre dans le centre pénitentiaire de Nancy s’est vu offrir sur un plateau d’argent les noms de tous les agents qui l’ont surveillé. Un homme dont on apprend qu’il s’est radicalisé en prison, au contact – en quartier d’isolement – du frère d’un des meurtriers du Bataclan.

« Pour l’administration pénitentiaire, il s’agit d’un bug informatique » : ayant refusé avec violence de changer de cellule, il a dû passer devant une commission de discipline à la veille de laquelle – afin qu’il prépare sa défense – les observations faites sur son compte lui ont été communiquées. Mais il n’était pas prévu qu’y soit adjointe l’identité de ceux qui les avaient formulées. Le détenu s’est empressé de consigner ces noms « dans des livres retrouvés plus tard dans sa cellule. Sans que l’on sache vraiment ce qu’il voulait en faire. »

Ce que l’on sait vraiment, en revanche, c’est qu’il ne s’en servira pas pour leur envoyer des chocolats ni leur écrire des mots doux – vite, vite, petit facteur, car l’amitié n’attend pas. Alors, quoi ?

Alors, cet incident vient rajouter encore au climat de malaise général. À ce sentiment d’amateurisme, de flottement, d’à-peu-près régnant dans le pays, comme si la pusillanimité indolente et gaffeuse d’un gouvernement se promenant à la tête de l’État comme un touriste en excursion se propageait par capillarité à toutes les administrations.

Chaque jour apporte son lot de bourdes et de ratés, on s’y est presque fait, on ne ricane presque plus.

Mais il ne s’agit pas, ici, d’une erreur d’énoncé dans l’épreuve de maths du bac S, ni d’une confusion entre « Verdun » et « Berlin » dans un discours officiel.

 Le sujet en est un meurtrier. De l’espèce des grenades dégoupillées qui occupent depuis des mois tous les esprits et toute l’actualité. Que l’on est censé surveiller comme le lait sur le feu. Qui bénéficie à l’intérieur comme à l’extérieur de complicités susceptibles de le venger. Et dont un mauvais concours de circonstances laissera peut-être demain – ce sera drôlement ballot – la porte de la cellule ouverte ?

Le sujet en est surtout la mise en danger de mort de gardiens de prison, celle de leurs conjoints et de leurs enfants.

Comment lutter, me direz-vous, contre le « bug informatique » ? Huitième plaie d’Égypte des temps modernes, il vous tombe dessus comme la misère sur le bas-clergé et nul ne peut en être tenu pour complètement responsable. Mais il n’explique pas tout, et notamment comment un meurtrier en quartier d’isolement parvient à côtoyer benoîtement un islamiste identifié, tel un malade en quarantaine qu’on laisserait gambader et se lier d’amitié.

Plus qu’informatique, le bug est politique et idéologique. Et symptomatique d’une impéritie suicidaire.

Gabrielle Cluzel

Boulevard Voltaire

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