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mardi, 27 septembre 2016

Nos responsables politiques face à l’islam

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A droite, la stratégie des candidats sur le sujet de l’islam est relativement claire.

Le rapport que j’ai publié avec l’Institut Montaigne a suscité un certain nombre de réactions politiques, notamment à droite mais finalement assez peu à gauche. Pourquoi ? Parce que ses résultats peuvent mettre certains mal à l’aise. Du côté de la gauche de la gauche, où les musulmans sont volontiers présentés comme les nouvelles victimes de l’ordre libéral et de la répression policière, constater qu’un certain nombre d’entre eux, notamment des jeunes, utilisent la religion – et pas une adhésion à des idéologies politiques plus classiques – pour manifester leur rébellion n’est pas très agréable. Surtout quand il s’agit de la version la plus rétrograde possible de la religion qui se confond avec l’ordre patriarcal le plus brutal.

Au sein de la gauche de gouvernement, les résultats vont diffuser peu à peu mais elle a été jusqu’alors très discrète. A droite, où le sujet de l’islam est l’occasion d’une surenchère continue, Alain Juppé a sagement constaté la divergence idéologique à l’œuvre parmi les musulmans de France et en tire les conclusions : il faut mobiliser la majorité silencieuse pour aider à ramener dans le droit chemin ceux qui sont tentés par la sécession idéologique. Pendant ce temps, d’autres voudraient y voir au contraire la preuve de l’impossible assimilation des musulmans qui seraient décidément incapables de devenir français. A l’extrême droite enfin, sans surprise, Marion Maréchal-Le Pen et Robert Ménard se sont saisis d’un chiffre (les 28 % adeptes d’un islam de rupture) sans comprendre ce qu’il signifiait. Mais peu importe pour eux, il fallait agiter un chiffon rouge et faire peur, encore et toujours.

Vision catastrophiste. La stratégie des candidats sur le sujet de l’islam est relativement claire. Marine Le Pen a choisi de recentrer son discours sur le sujet qui tient en une phrase : « On vous l’avait bien dit ». Alain Juppé se tient aussi à sa ligne générale : il faut pacifier le pays et surtout ne pas agiter les peurs et les démagogues, au risque sinon « de finir dans la guerre civile ». Nicolas Sarkozy fait le pari inverse : pour attirer les électeurs du Front national, il fait du sujet islam/identité le cœur de sa campagne et n’hésite pas à jouer sur le sentiment de déclassement national et une vision catastrophiste de la situation de la France.

Son émission de télévision sur France 2 le 15 septembre était très éclairante. Il a parlé longuement et sur à peu près tous les sujets, y compris économiques, de « défendre la civilisation européenne ». Il s’est retrouvé ainsi en porte à faux face à un petit patron militant du Front national qui lui disait qu’il fallait rompre avec la directive sur les travailleurs détachés. Espérant séduire cet électeur d’extrême droite, Nicolas Sarkozy lui a dit : il faut plus d’Europe pour défendre notre civilisation. A quoi le militant FN lui a répondu que son sujet, c’était la concurrence déloyale des salariés roumains à 218 euros par mois, pas la civilisation européenne. Autre exemple, la polémique sur les Gaulois : « Quand on devient français, on a des racines gauloises », a-t-il déclaré en début de semaine dans le Val-d’Oise. En fin de semaine, à Perpignan, devant les harkis, « nos ancêtres étaient les Gaulois » mais aussi « les tirailleurs musulmans ». Il est vrai que le public avait changé…

 

L’islam de France a besoin d’une politique. Parce qu’il faut bâtir une nouvelle organisation. Sur ce sujet comme sur d’autres, l’urgence, c’est l’action. Pas l’invective ou la démagogie.

 

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