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jeudi, 20 octobre 2016

Pas-de-Calais : mort d’un migrant au camp de Norrent-Fontes

 

 
Un migrant est mort mardi dans le camp regroupant entre 150 et 200 personnes, situé à Norrent-Fontes, à une soixantaine de kilomètres de Calais.

Il s’agit du premier migrant mort dans ces conditions dans ce camp. Un migrant est décédé mardi 18 octobre, dans la soirée, suite au « lynchage » dont il a été victime, lundi, dans le camp de Norrent-Fontes, dans le Pas-de-Calais, précise l’association Itinérance qui les suit au quotidien. De son côté, la préfecture du Pas-de-Calais avait imputé ce décès à une rixe entre Érythréens et Soudanais.

Ce camp, situé à une soixantaine de kilomètres de Calais, regroupe entre cent cinquante et deux cents personnes. Selon la municipalité, il avait été prévu pour accueillir trente personnes.

Trois interpellations

Deux versions se contredisent donc. D’un côté, Nan Suel, la présidente de Terre d’Errance qui connaissait la jeune victime, rapporte qu’elle avait « été exclue du campement par les passeurs à qui elle tenait tête. Il était absent du lieu depuis une quinzaine de jours et semble être revenu le jour du drame ». Il aurait été « tabassé et lynché » par un groupe d’autres hommes, qui ne souhaitaient pas son retour sur le campement. À leur arrivée, les gendarmes ont retrouvé son corps inanimé qui avait été déplacé pour être caché et ont pu constater que « l’ami de ce jeune homme de 26 ans, qui l’avait défendu avait aussi été frappé ». Les humanitaires démentent formellement la version qui voudrait qu’une rixe soit à l’origine de ce décès, qui s’est produit dans la journée de mardi, à l’hôpital de Beuvry, près de Béthunes
La version de la préfecture, est en revanche celle d’une rixe. Selon son porte-parole parole, lundi soir, vers 23 h 30, « une bagarre a éclaté entre une cinquantaine de migrants soudanais et érythréens alcoolisés (...) Les services de gendarmerie sont immédiatement intervenus pour mettre fin à cette rixe. Deux migrants ont été blessés et transportés au CH Beuvry, près de Béthune. L’un d’eux, retrouvé à quelques centaines de mètres du camp et dont le pronostic vital était engagé, est décédé ce soir (mardi) des suites de ses blessures ». Les services de l’Etat n’étaient pas en mesure de préciser ni la nationalité ni l’âge du défunt.

Les soutiens aux migrants, arrivés sur place en même temps que les forces de l’ordre ont effectivement constaté un taux de tension extrême sur le lieu, qui aurait pu faire penser à une rixe, mais ils réfutent totalement cette version. « D’ailleurs s’il s’était agi d’une bagarre, il y aurait eu des traces sur d’autres personnes que sur les deux victimes des coups », insiste Nan Suel. Les membres d’Itinérance, qui suivent au quotidien le lieu, mais aussi des migrants du campement se sont rendus à la gendarmerie, mardi matin pour témoigner. Trois migrants ont été interpellés et une enquête est en cours, a ajouté la préfecture , interrogée par l’AFP. Selon l’association Itinérance, tous les agresseurs n’ont pas été arrêtés.

Un phénomène nouveau

Selon un comptage officiel, il s’agit du trente-troisième migrant mort depuis janvier 2015 – date qui coïncide avec le début de la crise migratoire – dans ce département, le plus proche des côtes anglaises.
Mais les causes des décès de migrants sont souvent liées à des accidents sur la route, notamment lorsqu’ils sont percutés la nuit par des poids lourds en tentant d’y monter. Cet été, deux migrants (un Éthiopien et un Soudanais) sont morts au cours de rixes intercommunautaires dans la « jungle » de Calais, dans ce qui apparaissait comme étant un phénomène nouveau.

À la mi-octobre, la mairie de Norrent-Fontes et des propriétaires privés avaient été déboutés par le tribunal de grande instance de Béthune de leur demande d’évacuation d’un terrain où vivent des migrants dans des conditions précaires.

Saisi en référé, le tribunal avait jugé que les requérants ne proposaient « aucune solution concrète et durable pour le relogement » des migrants aux abords de cette commune de quinze cents habitants.

Le Monde 

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