Najat Vallaud-Belkacem était, mardi matin, l’invitée d’Élizabeth Martichoux sur RTL. Pour y dire tout le bien qu’elle pense de François Hollande, lequel ne l’a pourtant pas épargnée dans son livre de confidences : elle est « bonne, très forte en langue de bois… Ce n’est pas une intellectuelle… Elle est très formatée ». Parfaite, en somme.
Contente du Président, donc, dont elle espère bien conduire la prochaine campagne où sa langue de bois fera merveille. Contente, aussi, de son propre bilan. Mais l’actualité cherche à la faire mentir. En effet, les agressions contre les enseignants et les personnels de l’Éducation se multiplient et montent en violence depuis la rentrée.
« C’est vrai qu’il y a, en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise, depuis quelques jours, une montée des violences à l’égard des fonctionnaires, parce que ça vise aussi bien les policiers que les enseignants, les proviseurs, ce qui commence à faire beaucoup… Et, donc, il faut condamner, absolument, chacun de ces actes. Il faut déposer plainte », dit le ministre.
Pour se défausser aussitôt, puisque c’est la politique de l’Éducation nationale en la matière : « Ce sont des éléments extérieurs qui sont les auteurs des coups et des agressions. » Donc, ça ne le concerne pas. La preuve : « On a vu aussi des violences à l’égard des policiers… » Et alors ? « Je n’ai pas d’explication particulière, si ce n’est que chacun prenne conscience de la gravité de ces actes. » Phrase qui n’a aucun sens en soi mais résume, néanmoins, la cécité idéologique de la dame. Enfin, elle l’assure, elle « n’a pas de remontées d’un climat de violence qui frappe l’école ». C’est étonnant, parce que tout le monde en a ! Et les faits ne sont pas circonscrits à la Seine-Saint-Denis, loin de là !
Certes… Argenteuil, hier, où un prof de sport a été roué de coups devant sa classe de CE2 ; Bobigny, où le proviseur et son adjointe ont été tabassés dans leur bureau ; Tremblay-en-France, où l’on a jeté un cocktail Molotov dans la cour du lycée et tabassé, là aussi, la proviseure ; Calais, où un professeur au lycée Coubertin a eu la mâchoire fracturée vendredi par un élève, et puis… le collège Longchambon, dans le 8e arrondissement de Lyon, où il suffit d’un regard ferme ou du moindre rappel à l’ordre pour que les profs soient agressés en pleine classe : jet de chaise, tentative d’étranglement, coups de pied et de poing…
Mais si Najat Vallaud-Belkacem n’a ni remontées du terrain, ni explication particulière, les syndicats, eux, font un constat : « Tous les établissements concernés par les violences sont des lycées professionnels ou polyvalents (filières générales, technologiques et professionnelles mélangées). » Comprenez les établissements dépotoirs de l’Éducation nationale auxquels, il faut le dire, ils ont largement contribué. Surtout, confie un responsable à 20 Minutes : il y a, de la part des autorités, « une volonté de minimiser la situation. À chaque agression, le rectorat dépêche un agent dans l’établissement pour la gestion de crise. En soi, c’est une bonne chose. Sauf que, par gestion de crise, ils entendent d’abord gestion de la communication, avec rappel du devoir de réserve des professeurs, entendu de manière très stricte. » Un seul mot d’ordre, donc : circulez, y a rien à voir !
Je n’ai pas de boule de cristal, mais je vois à peu près ce qui se profile à l’horizon. Une école de plus en plus éclatée, avec une hypertrophie du privé où tous les parents cherchent à caser leurs gosses pour les sauver – car c’est bien de cela qu’il s’agit – et puis l’école publique où, bientôt, les profs feront cours dans des cages, en tenue ignifugée et gilet pare-balles.
Marie Delarue
Boulevard Voltaire
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