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samedi, 22 octobre 2016

Aux grands maux de la police, les gros mots de Cazeneuve

 

 






Sur fond de nouvelles attaques – à Vénissieux, notamment, où plusieurs dizaines d’émeutiers ont attaqué une patrouille de police -, le ministre de l’Intérieur recevait les syndicats de police. Dans le même temps, d’autres rassemblements de policiers se tenaient un peu partout en France, comme pour exprimer leur refus de voir leur message récupéré, craignant, sans doute à juste titre, qu’il ne soit ni compris ni suivi d’effets. 

Particulièrement encadré au sein de la police nationale, le dialogue social est, et a toujours été, solidement tenu par les syndicats et l’administration. Les occasions de voir « la base » s’exprimer directement ont été extrêmement rares, ce qui confère aux événements que nous vivons actuellement une réelle gravité.
N’en déplaise à la haute hiérarchie policière et administrative, cette gravité ne réside pas dans la forme que revêt cette action. Elle réside dans le contenu d’un message qui explique, sans détours et sans intermédiaires, les préoccupations et les peurs ressenties par celles et ceux qui, tous les jours, mettent leur vie en danger.
Leurs préoccupations concernent l’avenir d’un pays dont ils sentent bien que le pouvoir politique a perdu le contrôle. Elles visent, également, les faiblesses d’une hiérarchie qui n’assume plus ses responsabilités, car tenue aux ordres d’un gouvernement en pleine dérive. Elles signifient, enfin, l’état de délabrement organisationnel d’une corporation en perte totale de confiance en elle même, et en ceux qui la dirigent.

À cela vient s’ajouter la peur. La peur de mourir, bien entendu, sous les coups de criminels que la justice aurait pu, dans bien des cas, mettre hors d’état de nuire. 

La peur de blessures irréparables à même de gâcher définitivement une vie. La peur de « surréagir », en utilisant son arme dans un contexte où le soutien des politiques et, par voie de conséquence, de la hiérarchie reste des mots.
 Face à cette incertitude et cette peur du lendemain, où chaque policier part en mission sans savoir si ça ne sera pas la dernière, les syndicats n’ont pas de réponses. Ils n’ont pas la confiance de ces agents de terrain qui savent pertinemment que s’ils sont utiles, voire incontournables, pour négocier un avancement ou une mutation, ils sont inopérants pour résoudre les graves questions de sécurité qui touchent notre pays aujourd’hui.

Et ce ne sont pas les mesures annoncées par Cazeneuve qui seront de nature à rassurer les forces de l’ordre. Concertation avec les préfets au niveau départemental. Pour dire quoi ? Pour faire quoi ? Alors que le gouvernement est dans une impasse sécuritaire totale. Lancer un plan « de sécurité publique » ? Ne sommes-nous pas en état d’urgence ? La sécurité publique ne devrait-elle pas être depuis des mois une priorité ? Recentrer les policiers sur leur cœur de métier ? De grandes phrases, de grands mots, qui n’ont plus aucun sens dans la bouche de ceux qui ont failli et qui devraient avoir, depuis longtemps, quitté le gouvernement d’incapables qu’ils incarnent si bien.

Reste les sanctions et la discipline. L’IGPN, la police des polices, a été chargée de mener une enquête « sur les manquements individuels aux règles statutaires » qui auraient pu être commis à l’occasion de ces rassemblements spontanés de policiers. Nous sommes là dans la tragi-comédie. À souhaiter simplement que, le moment venu, le peuple demande des comptes à ceux qui nous gouvernent aujourd’hui pour les manquements innombrables qui auront marqué leur passage à la tête du pays.

Olivier Damien 

 Boulevard Voltaire

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