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dimanche, 13 novembre 2016

L'extrême-droite européenne dopée par la victoire de Trump (Analyse)

L'élection du républicain Donald Trump renforce la position de l'extrême-droite en Europe, partageant la même vision que ce dernier, surtout à l'approche des échéances électorales dans des pays comme la France,l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche

 


L'élection de Donald Trump en tant que 45e président des Etats-Unis a beau créé la surprise chez les dirigeants européens qui misaient sur une victoire de Hillary Clinton, elle a été appréciée de manière univoque par l'extrême-droite dans le Vieux Continent, qui se voit confortée par l'arrivée au pouvoir d'un leader protectionniste et anti-migrants.

Les partis de l'extrême-droite avaient unanimement soutenu Trump dès le départ, "l'outsider" politique, dont la candidature, marquée par une campagne exceptionnellement anti-migrants et anti-multiculturalistes, n'avait même pas été prise au sérieux par une grande majorité des gouvernements européens.

L'extrême-droite a ainsi réussi à miser, pour la deuxième fois en l'espace de quelques mois, sur le bon cheval, contrairement aux dirigeants européens, qu'ils soient issus de la gauche ou de la droite. En effet, les partis de l'extrême-droite avaient été les seules formations politiques à soutenir la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), qui s'est réalisée par le résultat choc du référendum britannique du juin dernier.

Comme dans le cas du "Brexit", l'extrême-droite n'a pas manqué de féliciter le résultat de l'élection américaine, de manière précoce et vraisemblablement plus sincère que les gouvernements européens.
Marine Le Pen, présidente du Front national (FN), a été la première personnalité politique en Europe à féliciter l'élection de Trump, cela avant même l'annonce officielle des résultats. "Félicitations au nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre", a écrit Le Pen sur son compte Twitter (un message qu'elle maintient "épinglé" depuis), avant d'enchaîner avec une conférence de presse dans la journée.

"La décision du peuple américain doit s’interpréter comme la victoire de la liberté, la liberté d’un peuple souverain", a soutenu la dirigeante frontiste, "osant" dire que l'élection de Trump est une "bonne nouvelle" pour la France.

Poursuivant ses interventions médiatiques, Le Pen s'est exprimée mercredi soir sur France 2, accusant cette fois-ci les dirigeants européens qui ont soutenu la candidature de Clinton d'être "déconnectés" de la réalité. "Les élites sont déconnectées, elles refusent de voir et d'entendre les peuples. Dans cette élection américaine, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, en passant par la presse, ils soutenaient tous Clinton", a-t-elle noté.

L'élection de Trump, qui fait suite au Brexit, pourrait être une aubaine pour Le Pen, qui a tout intérêt à voir la vague anti-multculturaliste et altermondialiste déferler en France, à l'approche des échéances électorales en 2017. Ces deux grands évènements marquent, selon la présidente du FN, la décadence des élites politiques et l'émergence même d'un "monde nouveau", celui qui serait bien enclin aux extrêmes.

Le Pen n'est pas seule à penser que l'élection de Trump conforte sa position à l'élection présidentielle de 2017. Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, a aussi dit voir dans la victoire du candidat républicain "l’effritement des démocraties classiques" et "la montée des populismes, des mécontentements et d’un vote anti-système".

Invité de France Info peu après l'annonce de la victoire de Trump, Villepin a même estimé que Marine Le Pen pourrait gagner en 2017. "Tout est possible. Marine Le Pen peut gagner l’élection présidentielle car les peuples sont de retour et que les passions politiques dans nos démocraties désormais sont débridées. La peur et la colère sont les premiers acteurs de la démocratie. Et la raison au service des élites et au service d’un système ne convainc plus personne", a-t-il estimé.

Les sondages sur les intentions de vote prévoient de plus en plus la qualification de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, souvent au détriment du candidat de la gauche. Elle pourrait même remporter l'élection en cas d'un éventuel second tour face à François Hollande avec 51% des voix, selon le dernier sondage d'Ifop, paru fin octobre.


- Un futur président d'extrême-droite en Autriche?


Le déferlement de l'extrême-droite, dopé par la victoire de Trump, est également visible en Autriche, qui élira le 4 décembre son président de la République. Comme en France, l'extrême -droite autrichienne a été la seule formation politique du pays à féliciter la victoire de Trump contrairement à la retenue des sociaux-démocrates et de la droite.

"La gauche politique ainsi que l’establishment déconnecté et clanique sont punis par les électeurs et écartés de différentes positions de prise de décision", a déclaré Heinz-Christian Strache, président du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), mercredi sur sa page Facebook.

Les partis et les médias "mainstream" ont été "humiliés" par le peuple pour leur soutien à Hillary Clinton, a encore argué Strache.
La victoire de Trump, tout comme la crise économique, la vague migratoire et le Brexit, ne fait que renforcer la positon de l'extrême-droite en Autriche, qui s'apprête désormais à occuper le poste du président et du Premier ministre.

Les sondages pour la prochaine élection présidentielle accordent déjà la victoire à Norbert Hofer, candidat d l'extrême-droite autrichienne. Hofer, qui avait perdu de justesse la précédente élection, invalidée par la Cour constitutionnelle, est désormais crédité de 2% de plus des intentions de vote que son adversaire Alexander Van der Bellen (Verts).

La victoire de Hofer pourrait faciliter par la suite l'accès de l'extrême-droite au pouvoir dans les élections législatives de 2018, répétant ainsi le succès de Jorg Haider, ancien président du FPÖ, qui avait formé une coalition avec le Parti populaire autrichien (ÖVP) dans les années 2000.


- Répercussions en Allemagne et aux Pays-Bas


L'élection de Trump a également fait écho en Allemagne et aux Pays-Bas, deux pays européens qui connaîtront comme la France, un calendrier électoral chargé en 2017.

Jörg Meuthen, président du Parti populiste Alternative pour l'Allemagne (AfD), n'a pas manqué de féliciter Trump mercredi très tôt le matin, comme d'autres dirigeants de l'extrême-droite, soulignant une "victoire grandiose". "Son élection est un bon signe pour le monde entier et marque un tournant", a-t-il noté dans un communiqué de presse.

L'élection de Trump permettrait également de modifier les rapports de force dans la classe politique allemande et européenne, a encore estimé Meuthen. L'AfD a tout intérêt à voir un tel changement, à l'approche des élections fédérales en 2017.

Le parti extrémiste, qui a sécurisé sa place au sein de 10 parlements régionaux dans les élections régionales dans le pays en septembre dernier, espère cette fois-ci obtenir plus de 10% des voix aux élections fédérales et entrer finalement au Bundestag.

Le contexte politique est encore plus favorable au parti de l'extrême-droite néerlandais, Parti pour la liberté (PVV), dirigé par Geert Wilders, après l'élection de Trump. Wilders, allié de Le Pen au Parlement européen, a lui aussi félicité le candidat républicain pour sa victoire "historique" et sa "révolution".

Wilders, qui continue depuis mercredi d'intervenir dans les médias sur la victoire de Trump, a par ailleurs repris le slogan électoral de Trump "Make America Great Again" en créant le hashtag "Make the Netherlands Great Again" sur Twitter.

Comme d'autres dirigeants de l'extrême-droite, Wilders a prôné une victoire "anti-establishment" et "contre les élites", estimant que l'Europe devra suivre la voie de cette nouvelle Amérique.

L'allusion sans cesse à Trump à l'approche des élections législatives de 2017 aux Pays-Bas confortera certainement la position du PVV, qui occupe déjà 12 sièges sur 150, à la Seconde Chambre des Etats-généraux (Chambre des représentants) néerlandaise.

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