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mardi, 15 novembre 2016

L’islam éjecté de la SNCF

 

 
Après des années de tolérance, le groupe ferroviaire a durci ses positions ces derniers mois. Une dizaine de cheminots fichés S auraient été déplacés.

Religion et entreprise ne font pas nécessairement bon ménage. Lundi 7 novembre, Myriam El Khomri a présenté aux partenaires sociaux le Guide du fait religieux en entreprise. Ce document, d’une trentaine de pages, se veut « la » référence en matière de gestion du fait religieux dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. Il doit être mis en ligne sur le site du gouvernement d’ici le 20 novembre afin d’offrir des réponses concrètes aux managers et aux salariés face à ces problématiques.

À la SNCF, la question religieuse divise depuis de nombreuses années. La position de l’entreprise sur la question prête d’ailleurs à confusion. « Il y a une dizaine d’années, à l’approche de la campagne présidentielle de 2007, une politique d’emploi axée sur les banlieues a été développée » explique Rémi Aufrere, secrétaire général adjoint du syndicat CFDT Cheminots. Un manuel de la diversité a été diffusé. Il évoquait la possibilité de faire sa prière dans les locaux de l’entreprise. « On a sombré dans cette mode de prendre les diversités au sens large et adopté une tolérance regrettable », déplore le syndicaliste.
  

Durcissement des positions


Par la suite, la position de la SNCF s’est durcie. En 2015, un guide à l’intention des managers et responsables des ressources humaines est publié. Il traite des « principes de la laïcité et de neutralité au sein du groupe public ferroviaire » et clarifie la position de l’entreprise sur le sujet. « Nous sommes confrontés à une augmentation du fait religieux, bien qu’il n’y ait pas de crispation forte notable, témoigne le directeur du service de presse de la SNCF, Loïc Leuliette. Il est important d’adopter une position stricte. Dans les établissements publics, le principe de laïcité s’applique. Il faut donner les clés aux managers pour qu’ils puissent gérer le problème. »

Pour Rémi Aufrere, le Guide du fait religieux, proposé le 7 novembre, constitue une aide réelle, car « la SNCF n’est pas hermétique à la société et il n’est pas facile quand on est manager de proximité de s’armer pour répondre “non” à une demande, en raison de la laïcité ». S’agissant de l’exercice du culte en entreprise, la CFDT considère qu’il est « hors de question » de mettre à disposition des salles de prière pour les salariés. « Depuis deux,trois ans, nous faisons face à certains de nos collègues qui se radicalisent, et ce n’est pas acceptable. Une dizaine de cheminots fichés S ont été déplacés », confie-t-il.

Le syndicat prône l’application totale et inconditionnelle du principe de laïcité et de neutralité. « Nous sommes opposés à toute démonstration de prosélytisme, renchérit le secrétaire général adjoint. Ce qui inclut les kippas, les foulards, tous les signes religieux ostentatoires. Nous considérons que la liberté religieuse n’est pas supérieure à la liberté politique. On ne peut pas accepter qu’un salarié fasse sa prière pendant le temps de pause, et refuser qu’un autre soutienne ostensiblement un parti politique ». Il reproche, par ailleurs à d’autres syndicats, comme le syndicat Sud Rail d’encourager le communautarisme en « acceptant l’adhésion collective de groupes de personnes issues de l’immigration ».


Sud Rail et la stricte laïcité


Sud Rail rejette ces accusations. « L’allégation selon laquelle nous ferions des adhésions de groupe est fausse. Nous accueillons les personnes de tous sexes, de toutes origines et de tous âges. » Le syndicat revendique son attachement à une laïcité stricte. Mais il considère que la question religieuse n’est que marginale au sein de la SNCF. Il ne trouve donc aucune utilité au nouveau guide.

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