C’est un colosse aux airs de Kersauson, une masse, fort non pas comme un Turc mais peut-être comme un Serbe : Joseph Anticevic, 47 ans, veuf depuis le 13 novembre 2015 d’une femme tant aimée. Un père éperdu et perdu avec ses deux enfants adolescents depuis que des fous d’Allah ont fait de sa vie un enfer de cauchemars.
Joseph Anticevic était au Bataclan ce soir-là avec son épouse. Un an après, Libération l’interroge. Il dit son présent, fait de ce moment qui ne passe pas et sans doute ne passera jamais : « Je me revois en train de marcher sur les cadavres pour m’enfuir. Le plus dur, ce n’est pas la vision, mais la sensation. Marcher sur des corps, le sang jusqu’au mollet, cette sensation est horrible. »
Comme tous ceux qui ont laissé des proches dans le carnage de ce soir-là, il dit : « Mon problème, c’est d’avoir survécu. ». De penser qu’il aurait pu s’échapper par ici et pas par là, que son épouse, alors, aurait peut-être survécu. La main tenue et puis lâchée dans la fuite, l’autre qui ne suit pas, qui trébuche, le corps qu’on retrouve 96 heures plus tard… Qui peut se débrouiller de cela ?
Joseph Anticevic a déménagé avec ses deux enfants. Quitté Paris pour le soleil du midi, pour fuir les peurs de la ville surtout. Il tient pour ses deux enfants parce qu’il le faut bien. Son entreprise, c’était leur projet, à sa femme et lui. Seul, il n’y trouve plus aucun goût.
Alors, voir les flonflons, les Sting, les caméras pour la réouverture du Bataclan, ça ne passe pas. « Je tourne en rond depuis une semaine. Cette idée que des gens puissent faire la fête à l’endroit où elle a été assassinée, je ne peux pas le supporter. J’ai la rage », dit-il. Il voulait même s’amener là avec une pancarte : « Bon concert, amusez-vous bien. »
La réouverture de la salle de concert, les terrasses refaites à neuf, c’est l’indécence de la vie qui reprend. Un coup de Kärcher© pour effacer les traces, un coup de peinture et ça repart. The show must go on car c’est ainsi que va la vie, mais pour les victimes, le cauchemar continue. Après la douleur indicible, il leur faut maintenant affronter les boutiquiers et les persécutions administratives. Victimes deux fois. Et puis, surtout, supporter la lâcheté des politiques : « Cette haine que j’essaie de contenir de toutes mes forces à chaque instant, je ne peux pas la cracher, je ferais peur à tant de monde. Mon discours dérange. » Le baratin sur « la fraternité » et « le vivre ensemble » lui est insupportable : « Comment supporter ces pseudo-excuses socio-économiques qu’on trouve à ces fachos qui ne veulent pas de notre façon de vivre ? Ils m’ont tout volé. Celle que j’aimais, celui que j’étais. »
Mais, chut ! Prenez votre pilule, Monsieur Anticevic…
Tranquille… ça va se calmer, vous allez voir.
Hasard de la presse, paraît ce même jour sur le site du Point le récit d’un « policier musulman du renseignement ». Il était au Stade de France ce jour-là. « Spécialiste de la radicalisation islamiste », il alertait depuis longtemps sur ce qui allait arriver. Pourtant, sa direction l’a, depuis, muté en raison de son « zèle antisalafiste », dit-il.
Marie Delarue
Source
Joseph Anticevic était au Bataclan ce soir-là avec son épouse. Un an après, Libération l’interroge. Il dit son présent, fait de ce moment qui ne passe pas et sans doute ne passera jamais : « Je me revois en train de marcher sur les cadavres pour m’enfuir. Le plus dur, ce n’est pas la vision, mais la sensation. Marcher sur des corps, le sang jusqu’au mollet, cette sensation est horrible. »
Comme tous ceux qui ont laissé des proches dans le carnage de ce soir-là, il dit : « Mon problème, c’est d’avoir survécu. ». De penser qu’il aurait pu s’échapper par ici et pas par là, que son épouse, alors, aurait peut-être survécu. La main tenue et puis lâchée dans la fuite, l’autre qui ne suit pas, qui trébuche, le corps qu’on retrouve 96 heures plus tard… Qui peut se débrouiller de cela ?
Joseph Anticevic a déménagé avec ses deux enfants. Quitté Paris pour le soleil du midi, pour fuir les peurs de la ville surtout. Il tient pour ses deux enfants parce qu’il le faut bien. Son entreprise, c’était leur projet, à sa femme et lui. Seul, il n’y trouve plus aucun goût.
Alors, voir les flonflons, les Sting, les caméras pour la réouverture du Bataclan, ça ne passe pas. « Je tourne en rond depuis une semaine. Cette idée que des gens puissent faire la fête à l’endroit où elle a été assassinée, je ne peux pas le supporter. J’ai la rage », dit-il. Il voulait même s’amener là avec une pancarte : « Bon concert, amusez-vous bien. »
La réouverture de la salle de concert, les terrasses refaites à neuf, c’est l’indécence de la vie qui reprend. Un coup de Kärcher© pour effacer les traces, un coup de peinture et ça repart. The show must go on car c’est ainsi que va la vie, mais pour les victimes, le cauchemar continue. Après la douleur indicible, il leur faut maintenant affronter les boutiquiers et les persécutions administratives. Victimes deux fois. Et puis, surtout, supporter la lâcheté des politiques : « Cette haine que j’essaie de contenir de toutes mes forces à chaque instant, je ne peux pas la cracher, je ferais peur à tant de monde. Mon discours dérange. » Le baratin sur « la fraternité » et « le vivre ensemble » lui est insupportable : « Comment supporter ces pseudo-excuses socio-économiques qu’on trouve à ces fachos qui ne veulent pas de notre façon de vivre ? Ils m’ont tout volé. Celle que j’aimais, celui que j’étais. »
Mais, chut ! Prenez votre pilule, Monsieur Anticevic…
Tranquille… ça va se calmer, vous allez voir.
Hasard de la presse, paraît ce même jour sur le site du Point le récit d’un « policier musulman du renseignement ». Il était au Stade de France ce jour-là. « Spécialiste de la radicalisation islamiste », il alertait depuis longtemps sur ce qui allait arriver. Pourtant, sa direction l’a, depuis, muté en raison de son « zèle antisalafiste », dit-il.
Je deviens gênant de par mes relations dans les institutions officielles ou communautaires qui m’alertent de la part belle que la République fait aux salafs malgré les discours officiels.Assurément non, mais on ne saurait affronter le réel en période d’élections.
Depuis, je constate que de trop nombreuses victimes ont perdu la vie, et c’est à elles et à leurs familles que je pense. La police a plus que jamais l’obligation de résultat. Reste à savoir si le chemin pris par nos services de renseignement et ceux qui les dirigent est le bon.
Marie Delarue
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