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lundi, 05 décembre 2016

L’invasion migratoire nous arrache à la décadence

 

 
« Écoutez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s’ouvriront, mettez-vous ça dans la tête ! »
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C’est le moyen de pression bien rodé du président turc sur l’Union européenne, dont le Parlement a préconisé de geler l’adhésion d’une Turquie de plus en plus autoritaire. 

Mais nos frontières sont ouvertes depuis longtemps. Et ceux qu’Erdoğan menace sont les serviteurs de l’idéologie sans-frontiériste, qu’ils ont toutefois de plus en plus de mal à imposer à leurs peuples. En cela, Erdoğan est leur allié objectif. Nos dirigeants seront ravis de lui faire endosser le mauvais rôle : l’invasion migratoire, sans le prix politique à payer (le vote souverainiste), ils en rêvent. « La faute à Erdoğan. »

En fait, une Europe « noyée » (selon l’expression du Premier ministre turc, Binali Yıldırım) par les clandestins ferait le jeu de tous : de l’AKP qui projette l’islamisation de l’Europe, des immigrationnistes qui nous dirigent, des souverainistes qui rêvent de briser leur « plafond de verre ». 

Paradoxalement, l’invasion migratoire profite aussi à notre civilisation, en hâtant son processus de (ré)endurcissement. L’historien George L. Mosse parlerait de « brutalisation ».
Tout comme les invasions barbares ont amorcé la militarisation du christianisme, l’invasion arabo-africaine nous aguerrit. Et nous sauve, du même coup, de nos lubies postmodernes du type théorie du genre, qui n’ont plus lieu d’être dans le Dar al-Harb, le domaine de la guerre.

Le christianisme des origines est purement pacifiste. Les premier citoyens romains chrétiens sont des objecteurs de conscience, refusant de porter les armes et, a fortiori, de faire couler le sang. Fût-il celui de l’ennemi germanique. En cela, ils sont fidèles au message de Jésus Christ : « Aimez vos ennemis. »
 
Une des causes de l’effondrement de l’Empire est sa christianisation, même si, une fois l’Empire devenu chrétien (« conversion » de Constantin en 312), les fidèles sont autorisés par l’Église à porter les arme : l’Empire est chrétien, il faut bien le défendre. Il n’empêche, les Romains sont acculturés et adoptent une spiritualité aux antipodes de la religion guerrière du temps de la République.

Au début du Ve siècle, les hordes germaniques enfoncent définitivement le limes, saccagent Rome en 410 et s’installent en conquérants. Or, une partie des Germains, à la religion « faible » (ils sont facilement convertibles), est déjà christianisée. Quant à ceux qui restent polythéistes, ils se gardent de tuer les prêtres, qu’ils craignent comme leurs chamanes. Ils se convertiront.

C’est ici que la « ruse de la raison » (Hegel) intervient. L’Église va s’employer à domestiquer le culte de la force des Germains. Les contraindre à mettre leur pulsion destructrice au service du bien. Or, ce faisant, l’Église va se « militariser ». Selon Jean Flori, c’est la première étape qui va conduire cette religion pacifiste à adopter, vers le IXe siècle, le concept de guerre sainte. L’autre étape, c’est la confrontation avec le djihad. 

Ainsi, la chrétienté qui se heurte aux guerriers d’Allah n’est pas défendue par des imitateurs des premiers martyrs chrétiens. À la bataille de Poitiers (732), les soldats de l’islam se heurtent au « mur de fer » des guerriers francs, qui ont la caution morale de l’Église. Preuve que le christianisme s’est régénéré au contact de la brute blonde germanique. 

Depuis 1945 (1918 pour la France), les sociétés d’Europe occidentale ne cessent de se démilitariser. Matériellement comme spirituellement. Or, par une même ruse de l’Histoire, notre pacifisme universaliste a ouvert les portes aux nouveaux barbares, qui provoquent la « militarisation » de notre universalisme béat. En témoigne la montée des « populistes » et de la droite dure. La « colonisation heureuse » à la Juppé vit ses dernières heures.
Par un effet mimétique, la virilité surjouée du « jeune de banlieue » force notre jeunesse à s’endurcir, ne serait-ce que pour survivre dans la cour de récré. Quant aux mesures radicales, elles n’effrayent plus mais sont plébiscitées.

 Romain d’Aspremont

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