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mercredi, 07 décembre 2016

Préférence indigène et chômage excitent les élus du National

 

 

Immigration : Le National dit oui à un entretien d’embauche pour les chômeurs mais refuse toute justification pour un non-engagement.

 

 La tension est toujours palpable. L’application de l’initiative populaire «Contre l’immigration de masse» continue d’électriser les élus comme on l’a vu hier au Conseil national. Il faut dire que le ton était donné déjà ce week-end dans la presse alémanique. La présidente du PLR, Petra Gössi, avait démoli le modèle d’application proposé par le PDC en disant que celui-ci «se foutait de la gueule du souverain». Le PDC répliquait en accusant le PLR de se faire manipuler par le PS sur le dos des entreprises.

Allait-on hier assister à un match de catch dans l’arène entre les deux partis du centre droit? On l’a pensé au début quand Marco Romano (PDC/TI) accuse le PLR de «brasser de l’air car ses mesures n’auront aucun effet sur l’immigration». Mais le PLR ne répond pas et le PDC se calme très vite. Et c’est donc l’UDC qui sonne la charge au nom du respect de la volonté populaire. «Pas de gestion autonome de l’immigration, pas de contingents avec des maxima, c’est une capitulation dangereuse et sans conditions devant l’UE, tonne Gregor Rutz (UDC/ZH). Un chômeur sur trois en Suisse est un ressortissant de l’UE.»


Problèmes complexes, solutions subtiles


Philippe Nantermod (PLR/VS) rétorque que «la politique, c’est de répondre à des problèmes complexes au moyen de solutions subtiles». Et de répéter que le parlement se trouvait devant la tâche difficile d’appliquer l’initiative sans violer la libre circulation des personnes. Très vite le débat quitte cependant le terrain idéologique et entre dans le concret. Il faut dire qu’on en est à l’aplanissement des différences entre les deux Chambres.

Le cœur de la nouvelle loi? Le chômage. Le concept du Conseil des Etats stipule qu’en cas de taux supérieur dans une branche économique, une mesure phare en trois temps est imposée aux entreprises: un, l’obligation d’annonce des places vacantes aux offices régionaux de placement (ORP); deux, l’obligation de recevoir des chômeurs inscrits à l’ORP pour un entretien d’embauche; trois, l’obligation de justifier les refus d’embauche si un ressortissant de l’UE est finalement choisi.

Balthasar Glättli (Verts/ZH) défend ces trois mesures. «Je reçois des lettres de chômeurs de plus de 50 ans. Ils ne demandent pas des contingents mais une chance de pouvoir se présenter devant un employeur. Car ils ne sont même plus convoqués par les entreprises.» Cédric Wermuth (PS/AG), qu’on présente déjà comme le successeur de Christian Levrat à la tête du PS, se fait un malin plaisir d’exciter l’UDC: «Plutôt qu’une préférence nationale, nous instaurons une préférence aux chômeurs. Qui aurait pensé que nous aurions une mesure sociale grâce à votre initiative?»
«N’oubliez pas non plus que 470 000 Suisses vivent dans un des pays de l’UE»
L’UDC justement n’arrive pas à avaler ce concept qu’elle juge mensonger. «D’abord, vous n’osez plus parler de préférence indigène de peur de fâcher l’UE. Et ensuite votre solution est un leurre: les chômeurs frontaliers et tous les ressortissants de l’UE peuvent s’inscrire dans les ORP suisses et donc profiter de ces mesures», lance Natalie Rickli (UDC/ZH). La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga confirme: «Le contraire constituerait une discrimination des ressortissants de l’UE et ne serait pas conforme à la libre circulation des personnes. Mais n’oubliez pas non plus que 470 000 Suisses vivent dans un des pays de l’UE.»


Mesures en faveur des chômeurs


La surprise piquante du jour? C’est Isabelle Moret (PLR/VD) qui la dépose sur un plateau. Elle demande que l’élément régional soit aussi pris en compte pour le déclenchement de mesures en faveur des chômeurs. «Le marché du travail au Tessin ou en Suisse romande n’est pas le même.» Cela ne manque pas de sel quand on sait que l’ancien président du PLR Philipp Müller avait dit exactement le contraire aux Etats la semaine dernière.

Au vote, le concept PLR Müller l’emporte nettement face à ceux du PDC ou de l’UDC. Mais le Conseil national y apporte quelques modifications importantes. D’abord, il donne raison à Moret en intégrant l’élément régional. Ensuite, il affaiblit le seuil de déclenchement des mesures. Il faut que le taux de chômage de la branche soit «très supérieur à la moyenne» et non plus «supérieur». Le PLR va jusqu’à citer un taux de 10 à 15% au grand dam de la gauche. Celle-ci doit encore avaler une couleuvre. L’obligation de justifier un non-engagement d’un chômeur auditionné tombe sous les coups de la droite réunie. Le dossier retourne aux Etats. (24 heures)

Arthur Grosjean

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