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mercredi, 14 décembre 2016

Ligne Philippot ? Juste la traditionnelle ligne lepéniste !

 

 



Le Front national ? Voilà une nouvelle fois le Landernau médiatique tout agité. Il y aurait donc deux lignes politiques contradictoires au sein du Front national. L’une serait « philippotesque » et l’autre « marioniste ».

Il est un fait que, sociologie électorale aidant, le lepénisme nordiste social (avec descendants de mineurs issus de l’immigration) ne concorde pas toujours avec son homologue sudiste et libéral (retraités niçois façon CSP+, eux aussi parfois issus d’une autre immigration).

Pour être plus précis, la ligne « phillipotiste » serait donc plus d’ordre social, tandis que la « marionnesque » relèverait du seul domaine sociétal : ANPE contre IVG ou l’inverse, en d’autres termes. Voilà pour l’analyse à courte vue, généralement répercutée par les « médias dominants », et trop souvent régurgitée par un « peuple militant » aux contours idéologiques des plus flous, puisque recouvrant les multiples complexités et nuances de la sociologie française.

D’où le débat concernant les prétendus « fondamentaux » du Front national, qui ne sont finalement que vue de l’esprit ou question de perspectives. François Duprat, son théoricien historique, était de l’engeance nationale-révolutionnaire. D’autres lui ont succédé et, selon les époques, étaient plus ou moins étatistes ou libéraux, régionalistes ou colbertistes, occidentalistes ou européistes, atlantistes ou partisans d’une Europe incluant la vaste Russie, certains sonnant le tocsin contre l’immigration de masse tandis que d’autres en appelaient au rassemblement de Français de branche et de souche. Bref, open bar et happy hour à tous les étages…
Pour en revenir au temps qui nous occupe, à cinq mois de l’échéance majeure, vouloir résumer l’actuelle situation du FN à des arguments relevant plus du vaudou que de la politique paraît singulièrement saugrenu. 

Comme si Marine Le Pen avait été, en quelque sorte, « maraboutée » par un Florian Philippot, désormais présenté comme une sorte de Patrick Buisson lepéniste. Tout cela ne tient guère debout.
 Car ce serait considérer que le cerveau de la présidente du FN ne serait qu’outre vide, prête à se faire remplir aux quatre vents. Pour qui connaît la donzelle – et moi pas qu’un peu, ayant travaillé, depuis trente ans, pour trois générations de Le Pen –, j’en ai vu défiler un paquet, de gourous putatifs, généralement autoproclamés, et souvent virés dès qu’ils avaient la prétention de servir de cerveau d’appoint.

L’occasion, pour l’auteur de ces lignes, de rappeler que Marine Le Pen faisait déjà du Philippot dès 2002, alors que Florian usait encore son futal sur les bancs d’école… Bref, Marine Le Pen n’a attendu personne pour pencher du côté de la préférence nationale, privilégiant ainsi la question sociale plutôt que la problématique sociétale.

Cela signifie-t-il, pour autant, que Marine Le Pen aurait transformé le Front national en Front de gauche ? Tout au contraire.
Récemment, dans la revue Éléments, notre ami Christian Brosio, ancien directeur du défunt mensuel Le Spectacle du Monde, a signé un remarquable double portrait consacré à Jean d’Ormesson et Michel de Saint Pierre, membre historique du Front national « à l’ancienne ». Qu’y apprend-on ? Qu’à l’instar d’un François Fillon, Jean d’Ormesson était parangon des élégances bourgeoises, nuque raide et échine souple, tandis que Michel de Saint Pierre, véritable aristocrate, lui, fort d’une licence de lettres classiques, se fit « embaucher aux chantiers navals de Saint-Nazaire. […] Deux ans d’immersion au sein du prolétariat qui achèvent de le convaincre de l’urgence de la question sociale. Anticommuniste, il n’en approuve pas moins les mesures du Front populaire. »

Tout est dit. Et bien dit. Front national ou Front de gauche ? Front du peuple, tout simplement.

 Nicolas Gauthier

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