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vendredi, 16 décembre 2016

« Boomerang » : cette religion et ce prophète dont il faut taire les noms…

 

 
On ne présente plus Augustin Trapenard. Normalien, agrégé d’anglais, il a très vite abandonné la recherche et l’enseignement. Non pas pour la politique : ça, c’était avant, quand l’intelligence se mettait au service du pays et que les normaliens investissaient la sphère politique. Cela donnait un Blum, un Herriot, la République des professeurs décrite naguère par Albert Thibaudet. Avec ses grandeurs et ses limites.

Désormais, fini les Pompidou, les VGE. Juppé fut le dernier dinosaure de cette tradition. Les politiciens n’ont même plus à fournir de prestigieux diplômes. Soit ils crachent dessus, soit ils s’en fabriquent de faux : Macron pseudo-normalien. 

Le Roux faux HEC-ESSEC.
 Car maintenant, les normaliens émancipés, avides de reconnaissance et de gloire, mettent leurs compétences et leur narcissisme au service… des médias.

Raphaël Enthoven serait le meilleur symbole de cette dérive de la culture et de l’intelligence diplômée. Quant à Augustin Trapenard, lui, il a choisi France Inter et Canal+. Tout ce qu’il y a de plus… À vous de juger !

On pourrait donc espérer, à côté de la pauvreté abêtissante de nos radios et télés, un surcroît d’intelligence, d’esprit critique, de vision. Mais malheureusement, de même que les normaliens en politique ont souvent manqué d’intelligence face aux situations (Alain Juppé), les normaliens des médias, eux aussi, sont parfois confondants de conformisme, de cécité, de servitude volontaire.
Et notre cher Trapenard, jeudi dernier, en fut l’exemple criant.
Il recevait dans sa matinale culturelle, bienheureusement intitulée « Boomerang », l’artiste féministe Annette Messager, plasticienne couronnée par le Praemium Imperiale, le Nobel des arts, qui venait parler de sa nouvelle installation à la galerie Marian Goodman à Paris. Et ladite Messager avait évidemment un « message » à délivrer, surtout avec ce qui faisait l’actualité du moment. Vous savez, ces bars qu’un média ami, France 2, au-dessus de tout soupçon, avait révélé à cette France qui ignorait la chose, ou ne voulait pas la voir.

Ces bars interdits aux femmes. Dans certains endroits de France. Ces choses d’une autre époque qu’on ne pensait plus voir en France. Cet « ordre moral » ! Eh bien, notre normalien surdiplômé, spécialiste de tous les langages, de toutes ses subtilités et ses ruses, et notre plasticienne « impériale » ont réussi l’exploit d’évoquer ces bars (mais tenus par qui ? Et dans quels quartiers ?) et ces Femen se tatouant sur le corps « Je suis mon propre prophète » sans jamais nommer cette religion, cette culture, ce prophète qui règnent dans ces bars et ces quartiers.

Et la tranquille conversation politico-cultureuse grave glissa sur ce non-dit, cet innommé, ce tabou. 

Pour finir avec : La Manif pour tous, bien sûr ! C’était donc ça ! Tous ces bars de nos banlieues, à Sevran, Tourcoing, Marseille, Toulouse où les femmes sont persona non grata, ce sont des bars LMPT, tenus par des catholiques rétrogrades ! C’était tellement évident !

Il fallait bien tout le talent interprétatif d’un normalien et d’une plasticienne de renommée mondiale pour créer cette œuvre d’art éphémère, cette « installation », cette « performance » d’un jeudi matin sur nos ondes.

Vous avez dit « Boomerang » ?

Pascal Célérier

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