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vendredi, 23 décembre 2016

Attentat de Berlin : les failles de l'antiterrorisme allemand en trois points-clés

 

 

Identifié comme un militant islamiste dangereux, le conducteur présumé du camion-bélier a échappé, à plusieurs reprises, aux autorités allemandes.

 Comment Anis Amir, un Tunisien de 24 ans bien connu des services de renseignements et principal suspect dans l'attaque au camion-bélier à Berlin, a-t-il pu passer à travers les mailles du filet ? Trois jours après l'attentat qui a fait 12 morts sur un marché de Noël de la capitale allemande, la polémique sur les dysfonctionnements des autorités prend de l'ampleur outre-Rhin.


La police allemande s'est lancée mercredi dans une vaste chasse à l'homme à l'échelle européenne pour tenter de retrouver le terroriste présumé, qui se trouve toujours dans la nature. Il avait pourtant fait l'objet d'une surveillance accrue depuis son entrée sur le sol allemand en 2015. Franceinfo revient sur trois points-clés pour comprendre les enjeux de la polémique.

Il était soupçonné de préparer un "acte grave"

 

Arrivé en juin 2015 en Allemagne, Anis Amri est bien connu des policiers, du centre de lutte antiterroriste et du parquet. Pendant l'essentiel de l'année 2016, où il tente à plusieurs reprises de déposer une demande d'asile sous des noms différents, il est placé sous surveillance à Berlin, car suspecté de préparer un cambriolage pour financer l'achat d'armes automatiques et un attentat. Une enquête abandonnée en septembre faute d'éléments probants.

Qualifié de "très mobile" par les autorités, Anis Amri circule d'une région à l'autre, passant du länder de Bade-Wurtemberg (dans le sud-ouest de l'Allemagne), à la Rhénanie du Nord-Westphalie (dans l'ouest) puis dernièrement à Berlin. En novembre, il fait l'objet d'un nouveau signalement. Il est alors "soupçonné de préparer un acte grave" par le bureau d'enquête criminelle de la Rhénanie du Nord-Westphalie. Mais il disparaît à nouveau. "Les autorités l'avaient dans le viseur et il a quand même réussi à disparaître", s'étonne jeudi le magazine Der Spiegel (en anglais) sur son site.

Il était en relation avec la mouvance jihadiste

 

Lors de son séjour en Allemagne, Anis Amri est également soupçonné d'entretenir des liens avec la mouvance salafiste et des prédicateurs jihadistes bien connus de l'antiterrorisme. Il aurait été en relations avec Ahmad Abdelaziz A., plus connu sous le nom d’Abu Wala, un prédicateur salafiste hyperactif sur les réseaux sociaux. Accusé d'être l'un des principaux recruteurs de l'Etat islamique en Allemagne, il a été arrêté début novembre et est actuellement incarcéré. D’après plusieurs sources citées dans les médias allemands, deux des proches d’Abu Wala auraient largement aidé Anis Amri durant son séjour outre-Rhin, lui fournissant à la fois planques et faux papiers.

Il n'a pas été expulsé du territoire allemand

 

Sa demande d'asile rejetée en juin 2016, Anis Amri ne fait pas l'objet d'une reconduite à la frontière. Ralf Jäger, le ministre de l’intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, a accusé la Tunisie, son pays d'origine, d'être responsable de la situation. "Elle a contesté le fait que cette personne soit un de ses ressortissants, et les documents nécessaires n’ont pendant longtemps pas été établis", a-t-il annoncé. Ironie du sort, le document manquant est arrivé en Allemagne mercredi. Malgré cette longue liste de suspicions établie aussi bien au niveau fédéral que dans les régions de Berlin et de Rhénanie du Nord-Westphalie, il a été laissé en liberté par manque de preuve.

Très vite accusée par le parti d'extrême droite Alternative für Deutschland, très virulent sur la politique migratoire allemande, d'être "responsable" de l'attentat, Angela Merkel est désormais critiquée dans son propre camp. A moins d'un an des élections législatives lors desquelles la chancelière compte obtenir un quatrième mandat, l'attentat du 19 décembre risque de sérieusement rebattre les cartes du modèle antiterroriste allemand.

 Axel Roux

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