Le FN dément avoir déjà reçu un financement russe, mais pourrait y recourir.
Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen s'affrontent sur la ligne politique.
La campagne de Marine Le Pen en vue de la présidentielle ne sera véritablement lancée que le 5 février prochain depuis Lyon, où elle tiendra un grand meeting. D'ici là, la candidate du Front national à l'Elysée a deux priorités. La première est de trouver l'argent. « A ce stade, nous n'avons pas encore trouvé l'ensemble des financements nécessaires pour la présidentielle et les législatives », a reconnu jeudi Nicolas Bay, le secrétaire général du FN, sur Europe 1. Le parti d'extrême droite dénonce le refus des banques françaises de financer la campagne de sa candidate, malgré sa certitude de dépasser les 5 % et donc d'être remboursé par l'Etat. « Un vrai scandale » pour le secrétaire général du FN, qui les accuse de « ne pas faire le jeu de la démocratie ».
Les responsables du Front national ont démenti avoir contracté un prêt de 30 millions de dollars auprès d'une banque russe, comme l'a affirmé « Le Canard enchaîné » cette semaine. Selon le journal satirique, ce crédit aurait été obtenu en échange de la promesse de Marine Le Pen, si elle était élue présidente, de reconnaître la Crimée en tant que territoire russe. Mais les dirigeants du FN n'excluent pas pour autant l'hypothèse d'avoir recours à une banque étrangère, y compris russe, pour financer la campagne. « On n'exclut rien, on a lancé un certain nombre de pistes pour rassembler ces financements nécessaires », a ajouté Nicolas Bay. En 2014, le FN avait déjà contracté un prêt de 9 millions d'euros auprès d'un établissement tchéco-russe.
Recourir à une banque étrangère, et a fortiori russe, comporte des risques politiques en pleine campagne électorale pour un parti qui se targue d'être le chantre de l'indépendance nationale : à savoir être accusé d'être de facto sous influence du président russe, Vladimir Poutine, dont le FN approuve par ailleurs, et sans réserve, la politique internationale, à commencer par son intervention en Syrie. Une situation qui ne manque pas d'être déjà exploitée par les opposants au FN. « L'extrême droite, qui parle tant de souveraineté et d'indépendance, est prête à abandonner pour des raisons de financement en fonction de ses intérêts. Mais, on le savait, le FN n'aime pas la France », a attaqué Manuel Valls, candidat à la primaire de la gauche.
Affrontement sans merci
Le FN n'a pas que des problèmes d'argent. Marine Le Pen doit aussi ramener le calme dans son camp. Les tensions entre Florian Philippot, numéro deux du parti, et Marion Maréchal-Le Pen ont connu un nouvel accès de fièvre en décembre avec une violente polémique sur l'IVG. La présidente du parti a certes signé la fin de la récréation. « Les électeurs ne nous pardonneront pas de tomber dans des "chicayas" », a-t-elle déclaré. Mais ces « chicayas » révèlent un affrontement sans merci sur la ligne politique du parti. Depuis la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, Marine Le Pen accuse le coup dans les sondages « On est au-delà du conflit de personnes et du choc des ego. Il y a entre Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen des différences de fond sur la ligne et la stratégie du FN », pointe Jérôme Fourquet, le directeur du département opinion à l'Ifop.
Ces tensions ne sont pas nouvelles. Les enjeux de la présidentielle les exacerbent, sur fond de rivalités pour incarner l'avenir du parti. « Le FN a déjà connu ce type d'affrontements, comme entre Marine Le Pen et son père, mais, jusqu'à présent, cela n'a pas porté atteinte à son image », rappelle Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion chez Harris Interactive. L'avenir dira si ce sera encore le cas.
Gregoire Poussielgue
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