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samedi, 07 janvier 2017

Jacques Toubon ou quand la droite s’oppose aux expulsions

Michel Lhomme, philosophe, politologue

Dans un grand esprit humaniste forcément éclairé par l’esprit des loges, Jacques Toubon dénonce  »fermement » croit-il bon d’ajouter, l’expulsion des immigrés illégaux de Mayotte.

De janvier à avril dernier, des centaines de familles comoriennes avaient été expulsées de villages à Mayotte. Interpellé par les associations, le défenseur des droits, Jacques Toubon vient donc de recommander au préfet de Mayotte d’interdire à l’avenir ces expulsions. Souvenons-nous, nous étions alors à Mayotte en pleine crise au point que la place de la République de Mamoudzou était envahie de réfugiés.

Nous avions alors relaté la gravité de la situation en dénonçant, pour notre part, la lâcheté des autorités françaises  qui, n’assurant pas la sécurité des frontières de Mayotte depuis des années,  condamnaient en avril les  »décassages » mais acceptaient d’expulser les clandestins que les villageois leur apportaient n’ayant même pas le courage en fait d’aller les débusquer par eux-mêmes chez eux.

Or que dénonce notre drauchien, défenseur des droits ?

Foule devant les services de l'immigration à Mayotte
Foule devant les services de l’immigration à Mayotte
 
Jacques Toubon estime que les « courriers, tracts et affiches élaborés et distribués par les collectifs de villageois et ayant pour objet l’expulsion de clandestins sont susceptibles d’être qualifiés de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence« . En gros, la grande rhétorique des  »heures sombres de notre histoire  » sous forme carrément d’un  » J’accuse » que le pauvre drauchien croyait sans doute voir repris dans la presse métropolitaine où son J’accuse n’a fait hélas pour lui qu’un grand flop !

En notant que les maire des communes incriminées, le préfet de Mayotte, le procureur de la république et les services de gendarmerie étaient informés de la réalité des rassemblements visant à expulser des Comoriens, Jacques Toubon estime que ces manifestations auraient dû être interdites et que les forces de l’ordre auraient dû empêcher la destruction des habitations de ces étrangers.

Mais sait-il ce pauvre Toubon que les forces de l’ordre sont inexistantes à Mayotte, qu’il n’y a par exemple qu’une seule brigade de gendarmerie celle de Mtzamboro qui dessert le Sud et le Nord de l’île avec simplement une petite antenne à M’Zouazia ?
Le secrétaire national pour l’Outre-mer du syndicat Alliance-Police, Eric Mildenberger lors d’une visite  à Mayotte a constaté le manque de moyens et d’effectifs criants en se rendant sur le terrain. Il en est abasourdi. Selon lui, “la police nationale à Mayotte est celle qui cumule le plus de difficultés en Outre-mer…” . En fait à Mayotte, la police se sent déshéritée encore plus par les annonces non tenues du Plan Cazeneuve-Mayotte du printemps 2016. Le départ de Bernard Cazeneuve et l’arrivée de Bruno Le Roux ne changeront d’ailleurs rien. C’est une fin de régime. A Mayotte, sur les 76 policiers annoncés par le plan Cazeneuve, la majeure partie était des remplacements et si l’on sort très précisément  sa calculette, on enregistre en fait seulement 35 policiers en renforts réels, là où la préfecture n’en avait que 14. Alors ne se moque-t-on pas du peuple mahorais ?

Jacques Toubon en tout cas n’en a cure. Il se contente de donner des leçons de grande morale aux autorités en qualifiant les expulsions « d’illégales ». Ces événements qu’on appelle à Mayotte les  »décassages » constituent selon le défenseur des droits une atteinte au droit fondamental des personnes à vivre en sécurité, Toubon ignorant bien sûr l’insécurité permanente dans laquelle vivent les Mahorais et les métropolitains en place. Toubon relève – et sur ce point il a raison – que 150 enfants ont été déscolarisés, du fait des expulsions alors que selon les accords internationaux signés par la France « tout enfant bénéficie du droit à l’éducation, et la scolarisation des enfants relève d’une obligation d’État« . Le défenseur des droits recommande donc au préfet de Mayotte « de prévenir à l’avenir ces expulsions« . Il recommande aux 17 maires incriminés de faire respecter l’ordre public sur son territoire. Enfin il rappelle à la ministre des Outre-mer son annonce du 29 septembre 2016 qui prévoyait l’augmentation de la présence des forces de l’ordre à Mayotte, annonce, nous le répétons, restée toujours sans suite à l’heure qu’il est.

Les propos de Jacques Toubon ont le mérite d’être clairs. Les renforts, à supposer même qu’ils arrivent, ne devront pas servir à l’expulsion des clandestins mais à défendre, comme en métropole, leur installation illégale sur le département. Comme en France, les choses sont claires : les Mahorais s’ils veulent rester français, ne pourront compter que sur eux-mêmes .

Comme en Italie,  n’allons-nous pas arriver à devoir céder, sous peine d’inculpation, sa maison secondaire aux  »réfugiés ».

Jacques Toubon a notamment été député de Paris, maire du 13ᵉ arrondissement de Paris de 1983 à 2001, ministre de 1993 à 1997 et député européen de 2004 à 2009. Il assure ensuite la présidence du conseil d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration de 2007 à 2014 et celle de la FEVIS (Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux spécialisés ) depuis 2011. Il devient Défenseur des droits, le 17 juillet 2014, nommé par François Hollande.

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