La cour d’assises des mineurs de l’Essonne planche, depuis mercredi 4 janvier 2017, sur l’affaire sordide des viols en réunion dont se sont rendus coupables sept membres d’un groupe de rap, les bien nommés « Gangsta du zoo », habitants du quartier des Tartetêts à Corbeil-Essonnes, où se rencontrent, plus ou moins à l’abri des regards extérieurs et mélangés en une bouillie infâme, culture américaine de la violence, communautarisme décomplexé, éducation pornographique sur smartphone, loi des gangs en culottes courtes (ces rappeurs étaient tous mineurs au moment des faits) et rejet de toutes les normes qui, dans une société saine, composent le cadre moral qui sculpte et perpétue la bienséance.
Les quatre victimes, âgées de 15 et 16 ans au moment des faits, étaient violées par des bourreaux rigolards qui décidaient de l’ordre de passage à « pierre-papier-ciseaux ».
Ultime manifestation de leur sentiment d’impunité : ils filmaient eux-mêmes la scène sur leurs téléphones.
Officiellement, c’est le procès de sept mineurs coupables de viol. En filigrane, toujours, la peur de l’amalgame qui fait se tenir prête l’armée des idéologues « vivrensemblistes », amis de quartiers et de la diversité, qui travaillent à convaincre ceux que la récurrence de ces faits finit par rendre soupçonneux que ces événements ne sont ni la norme ni la tendance de ces quartiers (où il fait bon vivre le reste du temps ?).
La vérité est que ce procès pourrait être, devrait être celui de notre époque tout entière. Nous avons voulu un monde où l’on puisse jouir sans entraves, nous l’avons ; un monde débarrassé des vertus ringardes où l’on ne diffuse plus timidement qu’un ersatz de morale dans quelques cours d’éducation civique au collège, nous l’avons ; un monde sans frontières qui fabrique des déracinés et des déboussolés, nous l’avons ; un monde sans foi, nous l’avons ; sans loi ? Si, quelques-unes, mais qui ne peuvent rien contre le réveil des intempérances provoqué par l’éloge de l’individualisme nombriliste. Les horreurs vécues dans des caves par ces jeunes filles sont moins une anomalie qu’une conséquence inévitable du monde que nous avons créé.
Dans La Civilisation de la Renaissance en Italie (1860), Jacob Burckhardt écrit ceci : « Enfin l’Italie, ce pays où l’individualisme arrive sous tous les rapports à son extrême limite, a produit quelques hommes d’une scélératesse absolue, qui commettent des crimes pour le crime même, qui le regardent comme un moyen d’arriver, non plus à un but déterminé, mais à des fins qui échappent à toute règle psychologique. » Nous pourrions citer, encore, l’intemporelle leçon de sagesse de Bossuet (« Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer ») et militer pour qu’en plus des monstres, nous jugions aussi un jour leurs Dr Frankenstein.
Jonathan Sturel
Source
Les quatre victimes, âgées de 15 et 16 ans au moment des faits, étaient violées par des bourreaux rigolards qui décidaient de l’ordre de passage à « pierre-papier-ciseaux ».
Ultime manifestation de leur sentiment d’impunité : ils filmaient eux-mêmes la scène sur leurs téléphones.
Officiellement, c’est le procès de sept mineurs coupables de viol. En filigrane, toujours, la peur de l’amalgame qui fait se tenir prête l’armée des idéologues « vivrensemblistes », amis de quartiers et de la diversité, qui travaillent à convaincre ceux que la récurrence de ces faits finit par rendre soupçonneux que ces événements ne sont ni la norme ni la tendance de ces quartiers (où il fait bon vivre le reste du temps ?).
La vérité est que ce procès pourrait être, devrait être celui de notre époque tout entière. Nous avons voulu un monde où l’on puisse jouir sans entraves, nous l’avons ; un monde débarrassé des vertus ringardes où l’on ne diffuse plus timidement qu’un ersatz de morale dans quelques cours d’éducation civique au collège, nous l’avons ; un monde sans frontières qui fabrique des déracinés et des déboussolés, nous l’avons ; un monde sans foi, nous l’avons ; sans loi ? Si, quelques-unes, mais qui ne peuvent rien contre le réveil des intempérances provoqué par l’éloge de l’individualisme nombriliste. Les horreurs vécues dans des caves par ces jeunes filles sont moins une anomalie qu’une conséquence inévitable du monde que nous avons créé.
Dans La Civilisation de la Renaissance en Italie (1860), Jacob Burckhardt écrit ceci : « Enfin l’Italie, ce pays où l’individualisme arrive sous tous les rapports à son extrême limite, a produit quelques hommes d’une scélératesse absolue, qui commettent des crimes pour le crime même, qui le regardent comme un moyen d’arriver, non plus à un but déterminé, mais à des fins qui échappent à toute règle psychologique. » Nous pourrions citer, encore, l’intemporelle leçon de sagesse de Bossuet (« Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer ») et militer pour qu’en plus des monstres, nous jugions aussi un jour leurs Dr Frankenstein.
Jonathan Sturel
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