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dimanche, 22 janvier 2017

Djihadisme. Yves Trotignon : « Les prisons sont devenues des incubateurs »

 

 
Tribune d’Yves Trotignon (Analyste, spécialiste des questions de terrorisme).

A l’occasion de leur condamnation à des peines de prison ferme, en 1989, les membres d’Action directe ne se sont vu ­prescrire aucune séance de désendoctrinement. […]

Il n’est pas question de transiger, et les terroristes sont donc traités comme les criminels – certes d’un genre particulier – qu’ils sont. Les jugements rendus n’envisagent pas une seconde de convaincre les coupables de l’inanité de leur cause ou de l’absurdité de leur combat : les terroristes sont condamnés pour des faits plus que pour les motifs qui les ont conduits à les commettre. […]

Trente ans plus tard, l’émergence du djihadisme ne cesse de défier l’architecture sécuritaire mise en place dans les démocraties occidentales. Le nombre très élevé de Français tentés par le djihad, en plus d’alimenter une menace terroriste particulièrement élevée et complexe, met ainsi en échec le système traditionnel d’incrimination puis d’incarcération des terroristes. Les prisons, comme on l’a rapidement constaté, sont, en effet, devenues des incubateurs où les djihadistes tissent des contacts, recrutent de nouveaux sympathisants et renforcent même leur détermination. […]

Bien peu – ou, en tout cas, pas assez – en sortent décidés à renoncer à leurs croyances. Les difficultés juridiques, politiques et morales liées à la mise en place d’une justice d’exception semblent, par ailleurs, impossibles à dépasser. Face à ce phénomène, qui est loin d’être propre à la France, de nombreux Etats ont donc choisi de lancer des politiques dites de déradicalisation, aussi bien pour réintégrer socialement les djihadistes que pour réduire l’intensité de la menace et répondre aux inquiétudes de la population, désemparée.
En postulant que les djihadistes ont été radicalisés selon un cheminement plus ou moins modélisable, les autorités estiment qu’un processus inverse permettra de compenser les limites de l’action judiciaire traditionnelle en évitant que des citoyens soient séduits par des idéologies violentes ou en les convainquant que cette voie est sans issue.
La démarche, courageuse, ne manque pas d’ambition, mais se révèle très hasardeuse. […]

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