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vendredi, 10 novembre 2017

Immigration et terrorisme : ah, si Jean-Michel Aphatie était aphasique !

Il ne s’agit pas de souhaiter que le journaliste de France Info soit atteint de mutisme pour ne plus proférer de bêtises ; mais quel bonheur pour la profession de journaliste s’il avait cette qualité philosophique qui consiste à ne pas assener sans nuances des contre-vérités !

Interrogeant Nadine Morano sur France Info, le 8 novembre, Jean-Michel Aphatie a contesté qu’il puisse y avoir des terroristes parmi les étrangers entrés en France illégalement. Dans un premier temps, il soutient que « ce ne sont pas forcément des terroristes ». Comme Nadine Morano lui fait remarquer que, justement, « il y a peut-être aussi des terroristes », il réplique « non, non ! », jusqu’à ce que son interlocutrice lui cite les auteurs des attentats de Nice et de Marseille qui « sont restés sur notre territoire, alors qu’ils auraient dû être expulsés ».

Devant cette évidence, Jean-Michel Aphatie est resté coi, comme s’il lui coûtait trop de reconnaître son erreur.

Il n’est même pas certain qu’il soit de mauvaise foi. Malgré son expérience de vieux briscard de la politique, il semble qu’il ait l’esprit faux, déformé par la certitude d’avoir raison. Nadine Morano, avec son franc-parler, elle qui avait créé la polémique en qualifiant la France de « pays de race blanche », ne pouvait qu’avoir tort pour cet apôtre de la bien-pensance, où prospèrent les préjugés. Ce n’est pas avoir l’esprit ouvert que de s’enfermer dans des idées préconçues.

Affirmer qu’il y a des terroristes potentiels parmi les migrants clandestins ne signifie pas qu’on fasse l’amalgame entre les deux. S’il est évident que la vague migratoire est, en partie, la conséquence du terrorisme islamiste, il est irresponsable de soutenir que des terroristes ne peuvent pas en profiter pour s’infiltrer en Europe, puis en France. L’État islamique l’avait d’ailleurs annoncé. Rappelons, à titre d’exemple, que le passeport syrien retrouvé près d’un kamikaze du Stade de France était celui d’un migrant arrivé le 3 octobre 2015 par l’île grecque de Leros.

 

De même, s’il est absurde de confondre les musulmans et les terroristes, il est contraire à la vérité de nier que les terroristes qui ensanglantent la France ont un lien avec l’islam. On ne peut que constater que, si tous les musulmans ne sont pas terroristes, tous les terroristes prétendent agir au nom d’Allah. C’est pourquoi, comme les plus lucides des journalistes commencent à le dire, il est urgent que les autorités musulmanes séparent officiellement le bon grain de l’ivraie et opèrent, si c’est possible, un aggiornamento de l’islam.

Un journaliste digne de ce nom devrait s’interroger avant de prononcer des sentences définitives, savoir se remettre en question quand les faits contredisent ce qu’il pensait. Faute de quoi, il oublie sa vocation d’information pour devenir l’instrument d’une vulgaire propagande dont il est lui-même le jouet.

L’autre jour, le journaliste d’une chaîne d’information continue déclarait, le plus sérieusement du monde, que les informations données par les médias étaient plus objectives que celles qui sont divulguées sur les réseaux sociaux ou sur Internet. Il en était manifestement persuadé et paraissait sincère. Comme si l’erreur dépendait plus de l’outil de diffusion que de celui qui la répand.

Dans son Dictionnaire philosophique, Voltaire écrit que « les plus grands génies peuvent avoir l’esprit faux sur un principe qu’ils ont reçu sans examen » : que dire de quelqu’un qui n’est pas un génie ?

Philippe Kerlouan

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