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Prières de rue en France: les musulmans font pression à Clichy
L'interdiction de prier dans la rue a été respectée vendredi à Clichy-la-Garenne. Mais un appel a déjà été lancé pour reprendre les prières dès vendredi prochain, en dépit d'une nouvelle médiation qui doit se tenir lundi.
Ce vendredi, une petite vingtaine de fourgonnettes de CRS est postée aux abords de la mairie de Clichy-la-Garenne. Les forces de l'ordre veillent au respect de l'interdiction de prier dans la rue, édictée la veille par le préfet des Hauts-de-Seine. Sur la place piétonne face à la mairie, les quelques fidèles qui n'étaient pas au courant de la décision préfectorale sont renvoyés chez eux par le président de l'association cultuelle qui appelle à ces prières sur la voie publique. «On s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas de prière aujourd'hui, il faut respecter notre parole», leur répète Hamid Kazed, de l'Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC).
Les quelques fidèles présents jouent aussi l'apaisement. «L'interdiction est légitime, reconnaît Samia Khies, une Clichoise musulmane qui n'a jamais participé à ces prières de rue. C'est une place commerçante, les gens doivent pouvoir circuler», ajoute-t-elle. Aïssa Berrada, un vieil homme à la barbe blanche, approuve: «La France est un pays de droit, c'est normal que la loi soit respectée», dit-il. Pourtant, il a participé à toutes les prières de rue de ces huit derniers mois. «Le maire précédent nous a promis une mosquée, il doit tenir parole», se justifie-t-il.
Trêve
Si les meneurs acceptent de renoncer à la prière de rue cette semaine, leur posture ressemble moins à une reddition qu'à une simple trêve. L'avocat de l'UAMC a déjà fait savoir que l'association avait l'intention d'en organiser une nouvelle vendredi 24 novembre. «On ne lâchera pas», clame Me Arié Alimi. Dans ce contexte, la réunion de conciliation qui doit se tenir lundi a déjà du plomb dans l'aile. Mais le maire LR de Clichy-la-Garenne ne boude pas sa victoire du jour. «J'ai enfin été entendu par la préfecture et le ministre de l'Intérieur, se félicite Rémi Muzeau. L'ordre public a été respecté et les Clichois peuvent enfin bénéficier d'un retour à la tranquillité».
Pourtant, le fond du différend demeure. Les activistes ne veulent toujours pas entendre parler du nouveau centre culturel et cultuel de la rue des Trois pavillons, fonctionnel depuis 2013. «Ce local est indigne», persiste Rabah Heyoun, le vice-président de l'UAMC. Il serait «trop petit», «amianté» et «trop excentré». Situé à 1,5 kilomètre du centre-ville, ce nouveau lieu est certes beaucoup moins central que leur ancienne salle de prière de la rue d'Estienne d'Orves. Mais Bahri Noureddine, le vice-président de l'association gestionnaire de cet ancien gymnase, réfute en bloc tous les autres griefs. «On se réjouit de cette salle, assure-t-il. Nous l'avons totalement rénovée, et elle est bien évidemment conforme aux règles de sécurité en vigueur».
En creux, le conflit est aussi alimenté par une concurrence pour le partage de la direction de la salle, entre l'association gestionnaire actuelle et l'UAMC. «En réalité, ce n'est pas une question de capacité, c'est une question de pouvoir, estime le maire Rémi Muzeau. Mais ce n'est pas à nous de trouver une solution à ce conflit qu'ils doivent régler entre eux».
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