lundi, 18 décembre 2017
Autriche : L'extrême droite au gouvernement pour freiner l'immigration
Le parti nationaliste détient trois ministères régaliens dans le nouveau gouvernement, qui devrait mener une intense politique contre l'immigration et les réfugiés.
Dix-sept ans après une première expérience controversée et rapidement interrompue, l'extrême-droite fait une entrée en force dans le nouveau gouvernement autrichien. Le très jeune (31 ans) leader conservateur Sebastian Kurz, vainqueur des élections législatives d'octobre dernier, a scellé une coalition avec le parti de la Liberté (FPÖ) dont le président, Heinz Christian Strache, sera le vice-chancelier. Le parti nationaliste obtient au total six ministères (sur 14) dont trois régaliens, la Défense, l'Intérieur et les Affaires étrangères. Il contrôlera ainsi l'ensemble de l'appareil sécuritaire du pays, dont le renforcement doit constituer l'une des tâches prioritaires du nouveau gouvernement.
Pas de réactions européennes
En 2000, la coalition formée par le chancelier Schüssel avec le même FPÖ dont le président était alors le très controversé Jorg Haider avait été immédiatement mise en quarantaine par l'ensemble des pays de l'Union européenne. Les sanctions et surtout les difficultés de la cohabitation avaient provoqué l'éclatement de la coalition deux ans plus tard. Cette fois, les dirigeants européens ne réagiront pas, du moins collectivement, à la formation de ce gouvernement, le seul pourtant, en Europe occidentale, à compter dans ses rangs un parti d'extrême droite, antisémite et anti-islam.
Travail de dédiabolisation
Même si l'arrivée de ce parti foncièrement xénophobe et nationaliste -en dépit d'un patient travail de dédiabolisation- inquiète profondément certains dirigeants européens, il leur est devenu impossible d'en contrer l'expression. Le paysage politique européen a considérablement évolué depuis le début des années 2000 et il est marqué dans de nombreux pays par l'affaiblissement historique des forces socialistes et sociales-démocrates, le durcissement des droites modérées et l'apparition de mouvements populistes. Difficile aujourd'hui de condamner le discours anti-immigration de l'Autriche quand la Pologne et la Hongrie voisines manifestent la plus grande hostilité aux réfugiés syriens et irakiens depuis 2015. Ou quand le gouvernement danois, soutenu par le parti d'extrême droite le parti du peuple danois, DF, songe à exiler les migrants illégaux sur 300 îles inhabitées au large de la côte danoise.
Principe de subsidiarité
Dans l'épais programme de gouvernement de 180 pages, nombreuses sont les mesures qui visent à freiner l'immigration : les réfugiés verront ainsi leurs aides plafonnées à 520 euros mensuels maximum contre plus de 800 euros jusqu'ici. Sebastian Kurz a d'ailleurs repris dans ce domaine l'essentiel des propositions du FPÖ qui considère que l'Islam « n'a pas sa place en Autriche ».
Pas de referendum sur l'UE
La politique européenne du nouveau gouvernement sera certainement influencée par un certain euroscepticisme propre à la droite souverainiste. Le principe de « subsidiarité » sera mis en avant, souligne le projet de gouvernement. Mais l'extrême droite a semble-t-il fait deux concessions au premier ministre conservateur. Il n'y aura pas de réferendum sur l'appartenance de l'Autriche à l'Union européenne et c'est le premier ministre conservateur qui conservera la haute main sur cette politique.
13:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
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