Ce recensement, aux yeux des associations, franchirait « trois lignes rouges » : l’accueil inconditionnel, la violation de la loi « Informatique et Libertés » et les éventuelles interventions de la police dans les centres. De son côté, le gouvernement veut savoir qui est hébergé dans ces centres afin de libérer de la place pour les sans-abri et de réorienter ceux qui relèvent d’autres structures, notamment les sans-papiers. Évidemment, les associations craignent que cette démarche s’inscrive dans une logique de retour au pays, pour ceux qui ne peuvent prétendre au droit d’asile, comme Emmanuel Macron l’a annoncé récemment.
Certes, les associations, qui ne veulent sans doute pas se fâcher avec Emmanuel Macron, n’ont pas usé de l’« éthique de la comparaison », pour reprendre les propos récents de la sénatrice EELV Esther Benbassa, qui osait comparer la situation des migrants dans les Alpes-Maritimes à celle des juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Mais les mots « tri », « triage », « étiquetage » ont été employés. Car dans ce pays, où l’on vous trie, étiquette à longueur de journée, et pour un rien, du berceau au tombeau – informatique aidant -, un personnage devrait passer sous les radars de contrôle de la République : le migrant. On connaît déjà les zones de non-droit sur le territoire de la République, pour ne pas dire les zones de non-République. Les associations, qui font de l’accueil des migrants leur « fonds de commerce », ont-elle alors la prétention d’ériger leurs centres en zones où la République n’aurait pas son mot à dire ? Louis Gallois (l’ancien PDG d’EADS), président de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, qui a dû se prendre pendant cinq minutes pour Jean Moulin, a déclaré : « On ne donnera pas le numéro de la chambre » et Emmaüs France a tweeté : « L’accueil inconditionnel est non négociable ! »
Non négociable ? Une question me vient alors à l’esprit : les subventions données par l’État, ainsi que par les collectivités territoriales (régions, départements, communes) à ces associations sont-elles aussi non négociables ? Ainsi, la CIMADE (Comité inter mouvements auprès des évacués) déclare, dans son rapport de gestion pour l’exercice 2016, plus de 3,7 millions d’euros de subventions. Concernant Emmaüs, Contribuables associés nous révèle que cette respectable association a perçu, toujours en 2016, 43 millions d’euros. Quant à Médecins du monde, son rapport financier pour 2016 déclare plus de 43 millions d’euros de subventions publiques. Un montant en augmentation de 4,1 millions d’euros par rapport à 2015, soit une hausse de 10 %, et ce, « en raison du développement de nos missions sociales et notamment des missions Migrants », précise ce rapport financier.
Tout ceci est fort bien. Mais cela ne donne-t-il pas un peu le droit à l’État de regarder concrètement ce que font ces associations avec l’argent public, notre argent ?
Le très patelin M. Collomb devrait rappeler à ces associations, qui se drapent souvent dans le manteau des bons sentiments, que l’État régalien ne se réduit pas à un État qui régale et que leur action relève quelque part d’une délégation de service public. Quand on vit en grande partie sous perfusion de l’argent public, on a au moins la décence de ne pas claquer la porte à celui qui représente la puissance publique.
Georges Michel
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