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jeudi, 04 janvier 2018

Moins de voitures brûlées à la Saint-Sylvestre : une forêt sous laquelle couvent des braises ?

Lors de la nuit du Nouvel An 2016, sur l’ensemble du territoire national, ce ne sont pas moins de 650 voitures qui avaient été incendiées, et près de 450 individus interpellés par les forces de l’ordre. La fin de l’année 2017 semble avoir été plus calme. En effet, à part une dizaine de véhicules détruits par le feu à Valence et à Romans-sur-Isère, et des échauffourées entre policiers et jeunes des quartiers à Creil, Montataire et Beauvais, lesquelles ont abouti à la destruction d’une autre dizaine de véhicules, il semblerait que l’année 2018 commence sous de meilleurs auspices que les précédentes.

Bien entendu, il convient de ne pas oublier les heurts, maintenant traditionnels, qui ont eu lieu à Strasbourg, Colmar et Mulhouse, mais rien à voir avec les scènes de violences urbaines quasi généralisées auxquelles nous avions assisté ces dernières années. On ne peut donc que se réjouir de ces progrès. Toutefois, il convient de ne pas sombrer dans la naïveté. Car on sait aussi que ce genre d’informations est très contrôlé, et que les chiffres susceptibles de noircir un tableau politique avantageux sont le plus souvent délivrés avec parcimonie.

Premier indice de ce contrôle rigoureux, le peu de chiffres délivrés sur le sujet par les médias nationaux. À commencer par les chaînes d’information en continu, lesquelles se sont montrées – c’est le moins que l’on puisse dire – peu prolixes sur le sujet. Ensuite, la tendance à la minimisation des phénomènes observés. Alors que, les années précédentes, de larges commentaires étaient faits sur le nombre des interpellations et celui des policiers blessés, cette année, silence sur les ondes. Enfin, la technique de la diversion qui, en ce début d’année, aura été servie par un règlement de comptes à coups de kalachnikov, assez providentiel, à Marseille. Il est vrai que, quinzième du genre en douze mois, et premier de l’année 2018, plus personne, ou presque, n’y fait plus attention !

Néanmoins, et pour être complet, trois facteurs peuvent avoir contribué à la baisse du nombre des exactions habituellement observées en cette période de fêtes. Tout d’abord, le nombre des forces de l’ordre engagées. Près de 140.000 policiers, gendarmes, militaires et sapeurs-pompiers ont ainsi contribué au maintien de la paix publique lors de cette nuit du Nouvel An. Ils étaient plus de 10.000 en Île-de-France, et pas moins de 2.000 pour la seule avenue des Champs-Élysées. Un dispositif jamais atteint, mais justifié par des menaces d’attentats encore très prégnantes. Ensuite, une volonté politique forte de ne pas « rater » ce premier rendez-vous sécuritaire majeur. Ainsi, les moyens colossaux développés étaient-ils à la mesure de cet enjeu important, et la saturation de l’espace public en effectifs policiers aura sans doute permis de faire face efficacement à la situation. Enfin, une raison plus subjective, mais que tout responsable de la sécurité publique ne peut écarter : la volonté de certains caïds de nos quartiers sensibles de ne pas trop se faire remarquer. En effet, un récent rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, faisait remarquer la prospérité des trafics de drogue dans plusieurs villes de France au nombre desquelles Paris, Lille, Lyon, Marseille ou encore Bordeaux, Metz, Toulouse et Rennes. Et ce document de souligner les efforts des trafiquants « pour satisfaire les demandes des usagers en diversifiant les techniques de vente » et « en multipliant les produits ». Or, tout le monde sait que les débordements trop importants, qui génèrent l’arrivée massive de policiers et de gendarmes dans les quartiers concernés, sont mauvais pour « les affaires ».

 Alors, moins de voitures brûlées en 2018 ? Sans doute, et tant mieux. Mais l’arbre de cette nuit de la Saint-Sylvestre 2018 ne cache-t-il pas une forêt sous laquelle couvent des braises qui tôt ou tard risque de s’enflammer à son tour ?

NDLR : depuis l’écriture et la publication de cet article, les chiffres ont été revus à la hausse et le nombre de véhicules incendiés durant la nuit de la Saint-Sylvestre a, en réalité, augmenté par rapport à l’an dernier.

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