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samedi, 13 janvier 2018

Loi Asile et Immigration : ce projet qui empoisonne la majorité

Olivier Beaumont et Pauline Théveniaud

L'exécutif dément toute division sur le texte en préparation de la loi Asile et Immigration.

Un malaise ?Quel malaise ? « Pour faire du déminage, il faut avoir un terrain miné », évacue un conseiller du gouvernement. Le projet de loi Asile et Immigration, jure-t-on, ne comporterait donc pas le moindre germe de division. « On conteste formellement la notion de polémique », renchérit l'entourage d'Edouard Philippe. Alors pourquoi se livrer depuis plusieurs jours à une opération déminage à tous les étages autour de ce texte sensible qui entend allier amélioration de l'accueil des réfugiés et fermeté dans la lutte contre l'immigration irrégulière ? Sensible au point d'être pointé du doigt par les associations de défense des droits de l'homme, l'opposition... et même certains Marcheurs inquiets que la dimension trop sécuritaire l'emporte.

S'il arrivera au Conseil des ministres fin février, et à l'Assemblée nationale en avril, les réunions s'enchaînent déjà à Matignon et Place Beauvau. Officiellement, on préfère parler de « consultation », de « concertation », pour rassurer les parlementaires de la majorité autour de ce texte. Mercredi soir, le Premier ministre, Édouard Philippe, s'est donc livré à un exercice de pédagogie en présentant l'avant-projet de loi aux présidents de groupe de la majorité, ainsi qu'aux dix députés de la commission des Lois missionnés sur le sujet. Objectif : ne pas répéter l'épisode de la circulaire relative à l'« examen des situations administratives dans l'hébergement d'urgence » qui a fait l'effet d'une douche froide mi-décembre à une partie des députés de la majorité. « Une maladresse, dont on aurait pu se passer », soupire l'un d'eux.

Les associations dénoncent un durcissement

Pour l'exécutif, il s'agit aussi de déminer auprès des associations, ultra-remontées, et reçues jeudi à Matignon. La réunion devait durer deux heures, elle s'est étirée sur presque trois ! Mais à la sortie, « il y a une déception », selon les mots de Louis Gallois, le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui dénonce « un durcissement très net » dans ce texte, notamment en matière d'expulsion. « Elles sont dans leur rôle, ça ne nous surprend pas », tempère l'entourage du Premier ministre, tout en rappelant, par exemple, que des mesures budgétaires ont été prises ces dernières semaines pour augmenter notamment les places d'hébergement.

Un flegme, qui masque mal un véritable agacement. Au plus haut sommet de l'Etat, on a d'ailleurs peu goûté jeudi les critiques exposées par certains intellectuels dans « l'Obs », notamment le Prix Nobel de littérature, Jean-Marie Gustave Le Clézio, qui parle d'un « déni d'humanité insupportable » dans le traitement des migrants. Depuis Rome où il était en déplacement, Emmanuel Macron lui a répondu en appelant à « se garder des faux bons sentiments ». Persuadé d'avoir l'opinion avec lui. Au point d'évoquer « beaucoup de confusion chez les intellectuels »...

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