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dimanche, 14 janvier 2018

Agression à la prison Vendin-le-Vieil : plus que des moyens, il faut de la volonté !

Un terroriste emprisonné à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, a poignardé trois surveillants en se jetant sur eux au cri d’« Allah Akbar ». Les gardiens n’ont heureusement été que blessés. Mais cette agression souligne, une fois encore, la tragique déficience de la Justice dans notre pays.

Son auteur n’est pas un petit délinquant. Il s’agit d’un « converti » allemand d’origine polonaise, Christian Ganczarski – Ibrahim l’Allemand, sous son nom de « guerre ». Il fait partie de la première génération, celle d’Al-Qaïda, dont l’État islamique est une scission. Ce n’est pas une recrue de second ordre, car il a été le spécialiste de la communication et du cryptage de l’organisation. On le voit, notamment, en photo à côté d’Oussama ben Laden et de Mohammed Atta, le meneur des attentats du 11 septembre 2001. Il a, lui-même, été le cerveau des attentats de Djerba le 11 avril 2002 qui ont coûté la vie à 21 personnes. Arrêté en 2003 à Roissy, il a été condamné à 18 ans de réclusion en 2009. Il devait être libéré prochainement grâce au jeu des remises de peine.

Il y a, en effet, des magistrats pour considérer qu’un assassin de masse, certes indirect, mais plus coupable encore puisqu’il a participé à leur mise en œuvre comme « cerveau », puisse n’être condamné qu’à dix-huit ans de prison et puisse même bénéficier d’une réduction de la durée de son incarcération. Les actes terroristes sont des actes de guerre, et d’une guerre en dehors de toute loi. Un prisonnier de guerre se respecte. Un assassin qui prétend faire la guerre devrait être traité comme un « pirate » et pendu haut et court… Bien sûr, les juges diront qu’ils se contentent d’appliquer la loi, elle-même soumise à la Constitution et aux traités internationaux qui ont, en France, plus de poids que la volonté du peuple.

Cette contradiction entre notre volonté de respecter l’État de droit et la hiérarchie des normes, même à l’égard de gens dont l’inhumanité n’a rien à envier à celle des nazis, est aujourd’hui mise en lumière au travers des djihadistes « français » capturés en Irak ou en Syrie que certains, au nom du « sacro-saint » droit, souhaiteraient voir rentrer dans « leur » pays. Ils ont trahi leur pays en rejoignant un groupe islamiste auteur des massacres qui ont touché la France. À moins d’obtenir d’eux des renseignements utiles à la sécurité des Français, leur sort devrait nous être totalement indifférent. Revenus en France, ils auraient droit, eux aussi, aux égards de notre Justice.

 Salah Abdeslam, le « survivant » des tueries de novembre 2015, va rejoindre la prison de Vendin-le-Vieil où l’agression s’est déroulée, afin de lui permettre de répondre, cette fois, à la Justice belge. Sans insister sur le coût dispendieux de sa rétention confortable et de son tourisme judiciaire, il faut souligner que cet individu utilise sans vergogne son « droit au silence ».

Ibrahim l’Allemand connaissait très bien Khalid Cheikh Mohammed, l’auteur du premier attentat contre le World Trade Center, toujours et heureusement retenu à Guantánamo par l’armée américaine. La crainte d’être extradé vers les États-Unis pour y être jugé a sans doute suscité l’attaque à l’arme blanche de Vendin-le-Vieil. Mieux vaut rester quelques années de plus dans les sympathiques prisons française, où ce sont les surveillants qui ont peur, que d’aller dans l’univers pénitentiaire américain, beaucoup moins accueillant…

Deux prises d’otages, en septembre 2015 et juillet 2016, et le meurtre d’un détenu par un autre pensionnaire en janvier 2017, ont déjà eu lieu à Vendin-le-Vieil. L’insuffisance du nombre de places dans nos prisons, l’inefficacité des peines alternatives qu’avait soulignée l’assassinat du père Hamel, l’inapplication des peines prononcées et, plus généralement, le laxisme judiciaire témoignent d’une société par trop compatissante avec le mal, quand elle n’est pas fascinée par lui. Des écoutes avaient permis à l’administration de la prison de prévoir le passage à l’acte d’Ibrahim l’Allemand. Il avait été mis à l’isolement, mais cela lui avait permis de préparer deux armes. L’impuissance n’est pas tant due à une insuffisance de moyens qu’à une insupportable déficience de la volonté.

Christian Vanneste

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