dimanche, 14 janvier 2018
Immigration et pape François : où est passée la prudence traditionnelle de l’Église ?
Malgré quelques références à ses prédécesseurs, il est évident que le souverain pontife accorde à la question des migrations une importance beaucoup plus grande qu’ils ne le faisaient, et surtout qu’il abandonne la position équilibrée du Saint-Siège pour développer une conception très favorable à l’immigration.
Le Compendium de la doctrine sociale de l’Église n’évoquait les immigrés qu’à six reprises en 330 pages et ne consacrait, en fait, que deux courts paragraphes au problème, essentiellement sous l’angle du travail.
« L’émigration peut être une ressource, plutôt qu’un obstacle », résume la pensée. L’idée que l’immigration était une nécessité pour les régions les moins favorisées et qu’elle répondait à une offre de travail non satisfaite conduisait à la considérer comme un phénomène bénéfique, mais à réglementer dans un souci d’équilibre et d’équité, en excluant l’exploitation des travailleurs, en respectant les liens familiaux et en encourageant le maintien dans les zones d’origine, grâce à l’aide au développement.
Même si l’on pouvait formuler des critiques techniques sur l’offre de travail non satisfaite ou sur le regroupement familial, l’inspiration morale du texte était clairement évangélique et, par ailleurs, prudente. On retrouve ce même souci d’équilibre dans les déclarations de Benoît XVI qui, dans son encyclique Caritas in veritate, met en regard « la sauvegarde des droits et des exigences des personnes et des familles émigrées » et « ceux des sociétés où arrivent les immigrés ».
Benoît XVI est européen. Il est informé d’un certain nombre de comportements et des réactions qu’ils entraînent chez les chrétiens.
Le Pape François a abandonné cette prudence et cet équilibre. Il a multiplié les gestes symboliques depuis son premier voyage pontifical le 8 juillet 2013 à Lampedusa. Depuis quelques mois, les déclarations se succèdent. Le jour de l’Assomption, il signe un texte destiné à la 104e Journée mondiale des migrants et réfugiés et formule vingt et une propositions. Celles-ci sont, sans retenue, un appel en faveur d’une politique d’ouverture à l’immigration. Les visas doivent être facilités. Un système d’immigration, des corridors doivent permettre de légaliser l’immigration illégale. Il ne faut pas recourir aux expulsions « non adéquates ». Il faut éviter les détentions. Il faut accorder le maximum de droits, de libertés et d’aides aux immigrés, en matière de justice et d’accès au travail notamment. Il faut respecter leur identité culturelle, mais leur offrir une citoyenneté dissociée du travail et de la pratique de la langue… C’est-à-dire sans intégration ni même insertion, pour ne pas évoquer l’assimilation qui ne respecterait pas l’identité culturelle des nouveaux arrivants !
Sa cinquième proposition est inacceptable : « Toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale », autrement dit, la sécurité du migrant passe avant la sécurité de l’État qui accueille.
En novembre dernier, à l’occasion de la 5 1e Journée mondiale de prière pour la paix, le Saint-Père avait fixé quatre objectifs : accueillir, promouvoir, protéger, intégrer. Ce cadre s’accompagnait d’une critique de la suspicion dont témoigneraient les populations locales. Et il concluait en appelant les médias à démasquer les stéréotypes qui en seraient responsables.
Il est éprouvant, pour un catholique qui balance entre charité et responsabilité, de trouver dans les propos du pape non une source d’inspiration, mais exactement les mêmes arguments que ceux répandus par le mondialisme et la pensée unique. Le grand Autre n’est plus le prochain mais le lointain, sans souci du petit peuple. Les papes nous avaient habitués à plus de sagesse et à plus de lucidité.
Christian Vanneste
16:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
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