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samedi, 20 janvier 2018

Jean-Pax Méfret au Casino de Paris

Au Casino de Paris, ce 13 janvier 2018, l’ambiance était tout à la fois décontractée, bon enfant et pleinement française. On annonçait complet. Tandis que la salle se remplissait, ceux qui avaient déjà pris place se remémoraient, chantonnaient, plaisantaient, tout simplement heureux d’être là, dans l’attente impatiente de l’artiste.

Jean-Pax Méfret au Casino de Paris.

Puis, la lumière s’éteint. Rythmant les scansions « Jean-Pax ! Jean-Pax ! », les applaudissements fusent, gonflent et explosent quand le « chanteur de l’Occident » (né pourtant en 1944 dans cet Orient nostalgique aux inoubliables parfums d’oranges et de jasmin), vêtu d’un costume sombre, foule enfin la scène d’un pas lent et sûr. Il attend, reçoit sans mot dire les vivats et acclamations chaleureuses et amicales de son public où se mêlent aficionados de la première heure et jeunots de vingt ans et plus qui connaissent déjà par cœur Les Barricades ou Les Oies sauvages. L’orchestre émet ses premières notes et le trouvère entonne ces premières paroles poignantes :

« Ils meurent victimes de leur foi,

Ils tombent à l’ombre de la Croix,

Dans un silence qui fait douter

Du cœur des hommes.

Et au milieu des corps sans vie,

Une petite fille prie

Tout près d’une statue brisée,

D’une croix de bois calcinée… »

La salle, mutique, semble prier à l’unisson de cette gamine arborant le visage de nos propres enfants et qui lance dans le désert et à la face d’un monde irrémédiablement sourd à sa supplique, le déchirant cri de détresse de son martyre et de celui de ses semblables, là-bas, aux fins fonds de l’Orient compliqué. Noun… !

Jean-Pax Méfret n’a pas son pareil pour communiquer une émotion d’autant plus sincère qu’elle entre en résonance avec notre être profond, fruit d’un héritage ancestral voire bien plus lointain.

Le visage triste et apeuré de l’innocence enfantine s’imprimait encore dans nos esprits quand surgit, telle une muse oubliée, le long d’un mur honteux qui masquait alors les pires turpitudes des zélotes des fallacieux lendemains qui jamais ne chanteront, le non moins doux visage de Veronika :

« Elle avait des cheveux blonds fous, Véronika

Les yeux bleus tristes et un air doux, Véronika

À Berlin-Est, elle balayait les allées

Lorsque je l’ai rencontrée »

À cet instant, tel le docteur Youri Jivago incapable de choisir entre Tonia sa femme aimante et Lara, sa tendre maîtresse, mon cœur balançait en pensant à Nathalie, la jolie guide moscovite de Gilbert Bécaud, narrant à ce dernier « en phrases sobres […] la révolution d’Octobre ». Et l’on se dit que la poésie est sans doute le meilleur moyen d’entrevoir la vérité, où qu’elle se niche…

Mais évoquer Jean-Pax Méfret (Jean comme tout le monde, Pax comme personne, Méfret comme son père, affectionne-t-il de répondre à qui l’interroge sur les origines de ce prénom mystérieux), sa musique et ses chansons authentiquement engagées (aux antipodes des rebelles en peau de lapin venant promouvoir leur insipide soupe pseudo-artistique sur les plateaux sabbatiques du service public), revient aussi et surtout à se souvenir de nos temps glorieux et moins glorieux. L’héroïque sacrifice des 62 légionnaires de Camerone, la douloureuse époque de la fin de l’Algérie française, ravivée par des couplets bouleversants (« je viens d’un pays perdu qui n’existe plus », « Notre-Dame des déracinés », « l’été 62 sur les quais du chagrin », « les grandes souffrances de ceux qui ont choisi la France »…), les barouds d’honneurs de Dien Bien Phu, le martyre des Vendéens, etc.

Alors que nous venons de tourner le dos à 2017, année du centenaire de la révolution russo-léniniste de 1917, de sinistre mémoire, Jean-Pax demeure présent et droit pour nous rappeler que si « l’un de vous a chanté Potemkine / Moi je viens chanter Soljenytsine ». Une manière opportune de souligner combien les totalitarismes athées du XXe siècle (le nazisme est évoqué elliptiquement dans Jour J quand le communisme est explicitement dénoncé dans Le Camp 36, Sibérie, Goulag, Professeur Müller ou Budapest) inspirés des pires folies criminelles depuis Robespierre et ses épigones, constituent le canevas renouvelé du socialisme libéral-sociétal, sarko-hollando-macronien du XXIe.

Les paroles du Vieux Soldat témoignent, à elles seules, de la déliquescence d’une civilisation française désormais livrée aux hyènes de l’amnésie volontaire et du déracinement méa-culpant :

« Ça lui fait mal, toutes ces insultes,

Cracher sur la France que l’on traite de pute.

Ça lui fait mal, le drapeau brûlé, le drapeau souillé

La mémoire tachée.

 

Ça lui fait mal, il l’a mauvaise,

Lorsque l’on siffle la Marseillaise

Ça lui fait mal, voir son pays livré au mépris,

Il en est meurtri.

Le respect, il veut du respect,

Juste du respect, le respect »

Tout comme Pas politiquement correct fustige les snipers stipendiés de la pensée unique, ce bas clergé du désordre immoral qui, quoi qu’ils disent ou veulent faire croire, en dépit de sporadiques soubresauts identitaires ou populistes, détiennent encore largement le pouvoir politico-culturel :

 

« On ne peut plus rien dire

Sans s’attirer leur foudre

Qu’ils brandissent à plaisir

Pour te réduire en poudre »

Comme l’écrivait récemment le politologue Jean-Yves Camus, « tous ceux qui étudient la pensée de droite devraient aller assister à un concert de Jean-Pax Méfret » (tempsprésents.com, 16 janvier), même si ce dernier représente bien plus, c’est-à-dire, les valeurs éternelles de nos pères et de notre pays. Un autre universitaire osait assez justement le comparer à l’auteur de La Colline inspirée : « une sorte de Barrès pied-noir, le Barrès d’après-1919 où ont disparu les ennemis extérieurs, battus, et intérieurs, intégrés par le sacrifice militaire [1] ».

Respect.

[1] Paul Airiau, « Jean-Pax Méfret, chanteur anticommuniste et républicain populiste », Histoire@Politique. Politique, culture, société, N°7, janvier-avril 2009.

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