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lundi, 22 janvier 2018

Parler de laïcité, c’est parler d’islam

Par François d'Orcival

Notre opinion. Il n’y a qu’un discours possible, celui du respect des lois de la République. Laïcité, migrants, islam, on en revient toujours là.

Prix spécial du jury de la laïcité décerné par le Grand Orient de France, Marlène Schiappa, secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes (et « non-maçonne », comme le GODF le rappelle), publie un pamphlet intitulé Laïcité, point ! (L’Aube). Quatre-vingt-seize pages pour affirmer : « La laïcité est un combat politique. » Quelle découverte ! Mais elle a fait savoir au Figaro qu’elle allait en distribuer gracieusement un exemplaire « à tous les députés » — attention : « à l’exception des élus Les Républicains et Front national » ! Sectarisme ? Sans doute. Mais aussi hommage — involontaire — qu’elle rend à ces députés en considérant d’emblée qu’ils sont assez solides dans leurs convictions pour que sa littérature ne les concerne pas.

À qui s’adresse-t-elle donc ? Aux incertains, aux flageolants, peu assurés de leur « laïcité » ? « Nous combattons les dogmes de tous genres », dit aussi la jeune femme qui incarne si bien tous les tabous du “politiquement correct”. On ne savait pas que la République interdisait à ses citoyens de croire en certains dogmes… Vise-t-elle les racines chrétiennes de ce pays ? La déchristianisation y est déjà bien avancée. Et pas depuis hier. Les amis de Claude Imbert, le fondateur du Point disparu en 2016, viennent de rééditer (chez Plon, sous le titre Chroniques), ses éditoriaux (de 1972 à 2012). Dans l’un de ceux-ci, daté du 13 juillet 2001, il imaginait un Persan écrivant à son ami Uzbek, à la manière de Montesquieu : « Ce qui m’étonne le plus chez ces Français, ce ne sont pas leurs cent mille machines fulminantes, roulantes, volantes et communicantes, c’est que personne n’y craint Dieu. De ce pays qui en fut si entêté, la religion s’enfuit à tire-d’aile. »

Imbert ne citait pas gratuitement les Lettres persanes. Le fait est qu’au XXIe siècle, tout discours sur la laïcité ne peut plus être qu’un discours sur l’islam. Est-ce bien ce que Mme Schiappa sous-entend, et derrière elle le gouvernement ? Une journaliste marocaine semblait l’avoir compris de cette façon quand elle interpellait le président de la République, lors de sa réception de la presse, le 3 janvier, en lui demandant, en substance, quand prendraient fin ces discours sur la laïcité et ces rappels à l’ordre à l’islam. Sur le moment, Emmanuel Macron esquiva la question en observant que nous avions séparé les cultes et l’État il y a plus d’un siècle, quand l’islam n’était pas encore présent sur notre sol. Mais le lendemain, il y répondit réellement, en déclarant devant les représentants des cultes : « Je sais, comme vous, que certains tentent d’instaurer avec les pouvoirs publics une forme de rapport de force autour de la mise en oeuvre de telle ou telle croyance, oubliant le fil de notre histoire et voulant la faire bégayer. »

L’allusion à l’islamisme radical des mosquées salafi stes et des prières de rue était claire. Pour le chef de l’État, « l’acquis précieux » de notre civilisation c’est la « distinction fondamentale des ordres » — c’est-à-dire Dieu et César. Il n’est pas indifférent que dans le même discours aux représentants des cultes, Macron ait abordé la prochaine loi sur l’immigration, qui inquiète tant la gauche médiatique et associative. « Tension éthique », dit-il drôlement pour traduire cette opposition. Mais il sait qu’il est fortement soutenu sur ce point par l’opinion, parce que les Français redoutent ce que Mgr Aupetit, nouvel archevêque de Paris, appelle « l’insécurité culturelle ».

La réalité de la société française d’aujourd’hui est qu’elle ne peut plus, qu’elle ne veut plus accueillir que ceux qui sont susceptibles de s’intégrer à son modèle. La République respecte tous les dogmes. Sauf celui qui ordonnerait de ne pas respecter la République.

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