Ce crime qui vient d’être commis dont on n’a pas encore interpellé le ou les auteurs, on sait qu’il a été perpétré par des êtres qui relèvent de notre humanité même si, par facilité, on les qualifie de monstrueux, confondant l’acte avec l’acteur.
Ils sont donc de notre monde et quand ils ont été appréhendés, impossible de ne pas les ressentir, malgré toute leur cruauté ou notre ressentiment, pour des personnes qui offrent le visage banal de quelqu’un sur qui le crime n’était pas inscrit, sur qui le crime est survenu comme une odieuse parenthèse.
Ces criminels sont donc nous, évidemment, mais ayant poussé au-delà de nos honorables limites des pulsions, des instincts, des volontés homicides. Ils sont nous, donc, mais ne sont pas nous, nous offrant ce bonheur sombre et un peu malsain de sentir qu’eux ont dépassé honteusement, sans pitié, les bornes mais que nous sommes demeurés en deçà. Que nous sommes restés des humains alors que nous aurions pu nous imaginer dans certaines circonstances, par un cauchemar délibéré, impliqués dans le pire. Mais sans ignorer que nous nous faisons peur pour goûter de loin l’extraordinaire transgression, nous qui sommes des gens ordinaires.
Il y a non pas une fascination de l’horreur mais probablement plutôt une fascination pour les processus qui ont fait d’un humain un humain criminel. Pour cette seconde, ces minutes, ces heures ou ces semaines qui ont fait surgir, de manière organisée ou non, la mort de l’autre comme une option. Le crime étant généralement le plus court chemin, pour des moralités défaillantes ou des faiblesses intellectuelles, pour aller d’un problème à une apparente solution vite battue en brèche par policiers, magistrats et prison.
Nul sadisme, donc, dans cette focalisation citoyenne sur ce qui, tout à coup, a ensanglanté la normalité, souvent dans un cadre qui nous rappelle le nôtre mais sans que l’innommable l’ait sali.
Sang pour cent : le crime, une passion ordinaire…
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