" Au sujet de la dimension chrétienne de l’Europe, le pape Benoît XVI a déclaré que l’Europe devait mettre en valeur ses racines chrétiennes et renforcer son sentiment d’appartenance à une civilisation commune afin de mieux relever les défis à venir. En ce qui nous concerne, nous, musulmans d’Europe, nous ne devons avoir aucune objection à ce que cet héritage chrétien de l’Europe soit mis en valeur. Mais il n’en demeure pas moins qu’il serait injuste qu’on puisse occulter les huit siècles de présence musulmane dans le sud de l’Europe qui ont grandement contribué à la renaissance de l’Europe. Nous, musulmans d’Europe, devons être fiers de cette identité qui est enrichie par les valeurs universelles de notre religion. Rien dans ces valeurs ne constitue un obstacle à cet épanouissement recherché. Je suis convaincu que l’Europe a besoin de nous, comme elle a besoin de chacun de ses citoyens. Ce besoin n’est pas uniquement de main-d’oeuvre économique, comme ce fut le cas au début des années 1960, mais aussi dans le domaine artistique et culturel. Notre communauté de foi devrait enrichir l’Histoire européenne, comme elle l’avait déjà fait durant plus de huit cents ans, où l’islam et l’Europe se sont épousés à Cordoue, à Séville, et à Grenade. " (extrait de l’article).
Affirmer que les valeurs de l’islam ne sont pas incompatibles avec les valeurs fondatrices de l’identité européenne, mais qu’elles leur seraient complémentaires, voir même porteuses d’un avenir européen commun, telle est donc la thèse que Fouad Alaoui le Président de l’UOIF tente de défendre dans les colonnes du journal le Monde, daté du 4 décembre dernier (1). Pour ce faire, Fouad Alaoui évoque le mythe d’Al Andalous (2), cet âge d’or que les espagnols auraient connus sous l’occupation des dynasties arabo musulmanes Omeyade, Almoravides et Almohades qui de 711 à 1492 se sont succédées sur une grande partie de leur territoire. Si sur le plan des arts, des sciences et de la culture, ces huit siècles se traduisirent par d’incontestables réussites, notamment sur le plan architectural comme à Cordoue, Séville ou Grenade, ou celui encore de l’agriculture avec l’introduction de nouveaux systèmes d’irrigation dans les campagnes andalouses, il n’en demeure pas moins qu’ils sont restés inscrits dans la mémoire collective des espagnols comme autant de siècles de servitude que leurs ancêtres passèrent leur temps à combattre. Ce n’est pas l’Al Andalous que les espagnols célèbrent, mais la Reconquête qui s’achèvera par la chute de Grenade et l’expulsion des morisques un siècle et demi plus tard. La référence à cette période mythifiée de l’Al Andalous qui revient sans cesse dans les discours des prpagandistes musulmans pour démontrer aux non musulmans comment l’Islam s’est révélé capable dans le passé médiéval de l’Espagne de faire prospérer les arts et la culture à partir de ses propres valeurs, montre à contrario leur incapacité à trouver dans l’histoire moderne un quelconque modèle de régime islamique qui soit un tant soit peu présentable au regard des standards qui permettent de juger du caractère civilisé et démocratique d’un état. Le Président de l’UOIF a donc bon jeu de convoquer l’histoire d’Al Andalous en la présentant pour les besoins de la cause comme ayant été celle de huit siècles d’harmonie entre les trois religions, ce qu’en vérité la réalité a toujouirs démentie, dés lors que le statut des chrétiens était celui de dhimmis soumis aux normes juridiques et religieuses du conquérant. Mais personne n’ira y voir de plus prés, surtout pas les progressistes de tout poils, près à prendre pour argent comptant n’importe quel truisme révisionniste, pourvu qu’il contribue à faire table rase du passé chrétien de l’Europe. Le mariage dont parle l’auteur dans son article, fut en fait celui d’un long divorce qui dura huit siècles, ceux d’une guerre interminable entre deux civilisations irréconciliables.
(1) Voir l’article
(2) Al Andalous désigne l’ensemble des territoires ibériques soumis à la domination musulmane.
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