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samedi, 27 février 2016

Jungle de Calais : ils seront « évacués » mais pas « expulsés »

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Décidément, il y a jungle et jungle : celle de Calais et l’autre, relevant de l’administration, parfois plus périlleuse à explorer. Enfin, pour ce qui concerne celle de Calais, là où vivent 800 à 1.000 personnes (estimation de la préfecture locale) ; mais peut-être de 3.700 à 7.000 individus (estimation des associations, de soutien militant comme de franc rejet), les autorités évoquent une « évacuation » et non pas une « expulsion ».

La jungle sémantique, ce n’est pas rien non plus. Assez naturellement, Natacha Bouchart, maire LR de Calais, se félicite donc de cette décision « d’évacuation ». Mais où ces malheureux seront-ils « expulsés » ? L’histoire ne le dit pas encore, et tout au plus savons-nous que Fabienne Buccio, préfet du Pas-de-Calais – désolé, il faut dire préfète, un peu comme majorette ou gisquette – assure : « On prendra le temps. » Pour une fois, il n’est pas incongru de croire aux promesses de l’État.

« Prendre le temps » de quoi, au fait ? Là, on ne sait plus trop bien, sachant que dans cette population dont le recensement varie de 800 à 7.000, il y a de tout. Indubitablement des infortunés fuyant des guerres n’ayant rien de virtuel, que ce soit en Irak, Afghanistan, Libye et Syrie ; conflits, par ailleurs, provoqués par l’aventurisme imbécile des Européens. Mais on nous parle encore de réfugiés marocains…

À ce que l’on sache, le Maroc n’est pas en guerre, et si la vie peut parfois être rude sous la férule de la dynastie chérifienne, ce n’est tout de même pas le Bangladesh de George Harrison. Il y a quelques jours, un reportage sur le sujet, diffusé par France 2, nous affirmant que certains de ces réfugiés avaient parcouru plus de 4.000 kilomètres pour arriver, qui à l’île de Lesbos, qui à Calais. Même en comptant large, pour parcourir une telle distance, les candidats à l’asile avaient dû faire un petit détour par la Mongolie septentrionale. Mieux : les images les montraient arborant des coupes de cheveux impeccables. Ils n’avaient donc pas assez de sous pour manger, mais assez de menue monnaie à dépenser chez le coiffeur.

Pareillement, combien de familles chez ces réfugiés ? Fort peu. Surtout de jeunes et solides gaillards, souvent surdiplômés et visiblement assez vigoureux pour faire la guerre chez eux au lieu de sommer nos soldats de la mener à leur place.

Revenons-en à ces concepts « d’évacuation » et « d’expulsion ». Si l’on en croit la décision rendue ce vendredi après-midi, les « évacués » ne seront « expulsés » que dans les proches environs, mais évidemment pas dans leurs pays d’origine, lesquels n’ont pas tous sombré dans la guerre civile, rappelons-le une fois encore.

À en croire L’Obs, « les associations sur le terrain redoutent que le démantèlement ne fasse que déplacer le problème ». Ça fait parfois peur d’être d’accord avec des crétins, mais la plus élémentaire des honnêtetés intellectuelles nous oblige à plier le genou et à saluer du chapeau.

Bon, après, une solution, médiane, propre à réconcilier la gauche de la gauche et la droite de la droite devrait logiquement s’imposer, consistant à envoyer tout ce joli monde chez les Anglais, eux si prompts à nous donner des leçons d’antiracisme tout en nous reléguant au rang de simples gardes-frontières du Royaume-Uni. Entre essayages de chemise tahitienne et de colliers à fleurs, de ponchos argentins et de cours de paso doble, François Hollande pourrait éventuellement songer à tout cela. Mais ne rêvons pas.

Nicolas Gauthier

Source : Boulevard Voltaire

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