samedi, 27 février 2016
La querelle entre Vienne et Autriche sur la crise migratoire s'envenime
La Grèce a durci le ton vendredi vis-à-vis de l’Autriche sur fond des dissensions sur la crise migratoire, le commissaire européen aux Migrations mettant en garde contre un « désastre » si ces divisions persistent.
Dernière en date d’une série de restrictions aux frontières des pays de la route des Balkans, la Slovénie a annoncé vendredi qu’elle voulait limiter à 580 par jour le nombre de migrants autorisés à transiter par son territoire, ce qui va inévitablement aggraver l’engorgement en Grèce.
Le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a prévenu que l’Europe irait « au désastre » s’il n’y avait pas « de convergence et une compréhension » lors du sommet extraordinaire UE-Turquie le 7 mars sur la crise migratoire à Bruxelles.
« Tout sera jugé le 7 mars (…) il faut une discussion pour partager la responsabilité entre (les pays membres), une condition pour commencer à trouver une solution au problème », a souligné le commissaire à Delphes, dans le centre de la Grèce, en appelant « à mettre fin à des « actions unilatérales ou bilatérales (…) ».
Vendredi matin, Athènes a refusé de recevoir la ministre autrichienne de l’Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, qui souhaitait venir en Grèce pour « expliquer la position autrichienne en détail et directement ».
Le refus grec intervient au lendemain du rappel par Athènes de son ambassadrice à Vienne pour « consultations », en signe de protestation contre la tenue mercredi par l’Autriche d’une réunion des pays des Balkans consacrée à la crise migratoire et dont la Grèce a été exclue.
Les vives tensions entre Athènes et Vienne, ont empoisonné la rencontre jeudi à Bruxelles des ministres de l’Intérieur des pays de l’UE, censée mettre fin à la cacophonie face à l’afflux de migrants qui risque de déclencher une crise humanitaire.
« L’Autriche nous traite comme des ennemis », s’était exclamé le ministre grec de la Politique migratoire Yannis Mouzalas devant ses homologues au cours de cette réunion, selon une source diplomatique.
– Migrants logés sur des ferries –
Athènes reproche à Vienne d’être en amont d’une décision récente prise avec quatre autres pays des Balkans à la mi-février (la Serbie, la Slovénie, la Macédoine et la Croatie) visant à limiter le nombre de migrants « sans papiers » vers ces pays.
Cette décision, qualifiée d' »unilatérale » par Athènes, a provoqué ces derniers jours un engorgement à la frontière gréco-macédonienne, poussant les autorités grecques à conduire une partie de ces migrants dans les camps d’accueil de Diavata au nord et Schisto près d’Athènes.
Vendredi, 4.000 migrants attendaient à la frontière tandis que seules 100 personnes ont été autorisées à passer en Macédoine à la mi-journée, après 250 pour toute la journée de mercredi, selon la police grecque.
« Jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée à la frontière » gréco-macédonienne, des efforts sont entrepris pour trouver des logements pour les migrants et les réfugiés sur les îles de la mer Egée, principale porte d’entrée en Europe via les côtes proches turques, a indiqué dans la foulée le ministère grec de la Politique d’immigration.
Certains migrants pourraient même temporairement rester à bord de ferries ancrés aux îles, selon le gouvernement.
« Nous essayons de ralentir le flux des migrants (vers la frontière gréco-macédonienne) », a indiqué un communiqué ministériel.
-‘dépôt d’âmes’-
Mercredi, le Premier ministre grec Alexis Tsipras avait menacé de refuser tout accord européen le 7 mars si le fardeau de la crise migratoire « n'(était) pas partagé d’une manière proportionnelle » par les pays membres.
Le flux migratoire ne semble pas se ralentir depuis le début de 2016: plus de 100.000 sont arrivés en Europe, dont la majorité par la Turquie via les îles grecques, selon le HCR.
La plupart de ces réfugiés sont surtout des Syriens et des Afghans, selon la même source.
Outre les personnes noyées en Méditerranée, de nombreuses personnes ont été portés disparues au cours de ce périple migratoire.
Le gouvernement allemand a indiqué vendredi que les autorités ne savaient pas où se trouvent 13% du million de migrants enregistrés en 2015, ceux-ci ne s’étant pas présentés dans les foyers où ils devaient se rendre.
« Les causes possibles (de l’absence de ces migrants) pourraient être par exemple un retour dans le pays d’origine, la poursuite du voyage vers un autre pays ou bien une plongée dans l’illégalité », explique le gouvernement.
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