Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 05 mars 2016

Responsables et coupables

Sur fond d’actualité chargée et d’horizons menaçants, s’est ouvert hier  à Amiens le 34e sommet franco-britannique. L’Ukraine, les crises syrienne et libyenne, les accords, les projets économiques et militaires sont au menu des discussions. Rencontre qui se déroule à quelques mois de l’anniversaire du début de la Bataille de la Somme (juillet-novembre 1916) qui mit aux prises principalement Britanniques et Allemands. François Hollande et le Premier ministre David Cameron se sont retrouvés symboliquement hier matin au cimetière-mémorial britannique de Pozières. Cette bataille-boucherie de la Somme se solda par un bien maigre gain territorial pour les alliés, et fit environ de chaque côté 1 200 000 tués et blessés; au premier jour de l’offensive 19 000 soldats britanniques furent tués entre 7h30 et 8h00… Une occasion peut être pour les deux hommes de méditer non seulement sur les conséquences dramatiques de cette guerre civile européenne, mais aussi sur les catastrophes auxquelles conduisent les décisions erronées en matière militaire comme dans le domaine politique. 

D’une invasion l’autre, d’un entêtement l’autre, la question de l’afflux de migrants désireux de passer en Angleterre depuis Calais est au menu des discussions, alors que la pression migratoire, les tensions et les violences qu’elle génère ne faiblissent pas, de la Mer Egée à la Mer du Nord.

Hier, clin d’œil de l’histoire, c’est une figure du lobby immigrationniste des années 80, Harlem Désir, aujourd’hui recasé comme secrétaire d’Etat aux affaires européennes, qui a annoncé que la contribution britannique à la gestion de la crise (à Calais, NDLR), actuellement «de plus de 60 millions» sera complétée par « une vingtaine de millions supplémentaires», pour «la sécurisation de la zone d’accès au tunnel et de la zone du port de Calais», ainsi que «la lutte contre les réseaux de passeurs».

Bien évidemment, même si cela officiellement ne fait pas partie des discussions, l’éventualité du Brexit, objet du référendum prévu en juin, sera certainement évoquée, d’autant qu’Emmanuel Macron n’a pas hésité à brandir (également) la menace migratoire pour dissuader les Britanniques de s’émanciper de l’Europe bruxelloise.

Mercredi, dans le Financial Times, le ministre de l’Economie a prévenu que «Le jour où cette relation (entre la Grande Bretagne et l’UE) sera rompue (pour cause de Brexit), les migrants ne seront plus à Calais»…et donc passeront au Royaume-Uni.  Harlem Désir a enfoncé  le clou: « Il n’y a pas de chantage, ni de menace, mais c’est vrai que nous coopérons plus facilement en étant membres de l’UE que si le Royaume Uni ne l’était plus». Ni chantage, ni menace? Cela y ressemble pourtant diablement!

 Florian Philippot a relevé sur i-télé que cette saillie de M. Macron sonnait comme un « aveu. Cela veut donc dire que si la France les retient aujourd’hui c’est à cause de l’Union européenne. C’est donc à cause des règles de l’Union européenne que la France connaît la jungle de Calais. (…) Merci M. Macron pour cet aveu. Nous l’avons toujours dit, l’Union européenne est un facteur de vulnérabilité pour notre pays.»

Vulnérabilité qui frappe tout l’édifice bruxellois qui tremble sur ses bases sous les coups de boutoir de l’immigration-invasion. Au moment ou des milliers d’ immigrés  sont toujours bloqués à la frontière de la Grèce avec la Macédoine, poussés en avant par le flux continu qui débarque sans cesse dans leur dos, le président du Conseil européen, Donald Tusk,  en est réduit à lancer des vœux pieux et à constater les dégâts.

Présent hier jeudi à Athènes, au moment ou l’UE vient de promettre de débloquer 700 millions d’euros d’aide humanitaire d’urgence aux pays envahis par les migrants -dont environ 500 millions devraient tomber dans l’escarcelle du gouvernement Grec- M. Tusk s’est adressé aux immigrés: «Ne venez pas en Europe. Ne croyez pas les passeurs. Ne risquez pas vos vies et votre argent. Tout cela ne servira à rien», «Ni la Grèce, ni aucun autre pays européen ne pourront continuer à être des pays de transit. (…) Les réglementations de Schengen seront à nouveau appliquées», a-t-il encore déclaré.

Un langage d’apparente fermeté qui ne l’a pas empêché de sermonner les pays qui, désireux de reprendre (un peu) leur situation en main, ont imposé des quotas à l’entrée de leurs territoires. «Des décisions unilatérales sans une coordination préalable, même si elles sont compréhensibles dans un contexte national, portent atteinte à l’esprit européen de solidarité», a affirmé le dirigeant européiste…Mais croit-il vraiment qu’il est encore audible et crédible alors que 130 000 migrants (chiffre officiel) ont dores et déjà déferlé sur l’Europe depuis le début de l’année?

Dans un tout récent  entretien accordé à Breizh-Info, dans le cadre de la sortie de son livre «Immigration, la catastrophe – que faire ? », Jean-Yves Le Gallou citait le géopoliticien Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand qui «en juin 2015 lorsque l’invasion de l’Europe a commencé depuis les côtes libyennes avait déclaré:  Un jour le recours à la force sera inévitable ».

Pourtant indique encore M. Le Gallou, les peuples européens sont victimes «des oligarchies européennes – à Bruxelles, Berlin ou Paris – sont à la remorque des oligarchies financières et médiatiques : elles sacrifient leur peuple à l’idéologie dominante, le mondialisme immigrationniste marchand, le MIM». Pourtant, « la responsabilité du politique est  de décider de mesures exceptionnelles face à des circonstances exceptionnelles. Or l’invasion que nous subissons nécessite des mesures exceptionnelles. Ne pas les prendre aujourd’hui, c’est préparer le chaos de demain. Agir sans faiblesse aujourd’hui est la seule manière d’éviter de grands malheurs demain !»

Jean-Yves Le Gallou n’épargne pas le FN qu’il juge trop en retrait sur cette thématique (ce qui est peu ou prou aussi l’avis du maire de Béziers Robert Ménard) : «Il est assez étonnant de voir les dirigeants du FN s’embourber dedans les questions économiques, en vérité secondaires (par rapport à l’invasion migratoire, NDLR). Ceux qui discutent à perte de vue de l’euro me font penser à ces byzantins qui débattaient du sexe des anges quand les Turcs étaient aux portes. Ceci étant, quoi que pensent et disent ses principaux dirigeants, le FN reste de loin la meilleure offre électorale pour quiconque combat l’immigration. En politique, est ce qui paraît. Et c’est ainsi que le FN est perçu par les électeurs et les médias. Ainsi, dans la semaine qui a suivi les attentats de Paris, les intentions de vote pour le FN aux élections régionales ont progressé mécaniquement de 3 points ( de 25% à 28%). Florian Philippot et Marine Le Pen recueillent les rentes électorales de la ligne anti immigration constamment suivie par Jean-Pierre Stirbois, Bruno Megret, Bruno Gollnisch et bien sur Jean-Marie Le Pen.»

Ce qui est en tout cas certain ajouterons-nous,  c’est que ce constat lucide sur les dangers de l’immigration non contrôlée est partagé par beaucoup, y compris par certain de nos adversaires, y compris dans les rouages du pouvoir.

Héros de la Grande Guerre, engagé notamment dans la bataille de la Somme, grand écrivain allemand, grand européen francophile, Ersnt Jünger le notait: Le savoir aggrave la faute et avec elle la responsabilité. Mais tétanisés par le politiquement correct, la peur, la démission morale, politiciens, spécialistes et personnalités sont nombreux à se taire, à mentir, à détourner les yeux, à s’accrocher à des prébendes, des places, des  chimères. Responsables et coupables,  ils seront sévèrement jugés par l’histoire.

Bruno Gollnisch

Source : Le site de Bruno Gollnisch

Les commentaires sont fermés.