dimanche, 13 mars 2016
Migrants : le démantelement de la «jungle» de Calais touche à sa fin
Les deux tiers de la zone sud du camp ont été démantelés. Par ailleurs, une manifestation sans autorisation d'un groupuscule d'extrême droite s'est déroulée samedi dans la ville. Quatorze personnes ont été arrêtées.
«L'Etat poursuit avec détermination son travail de mise à l'abri des migrants et de résolution des effets de la crise migratoire à Calais», a expliqué samedi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. La préfecture du Pas-de-Calais a indiqué qu'«un peu plus de cinq» des 7,5 hectares de la zone sud de la «Jungle» de Calais ont été démantelés depuis le 29 février, cela représente les deux tiers de la zone sud. Un avancement qui pourrait signifier la fin de l'opération dès la semaine prochaine.
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«Ils ont pratiquement terminé, à mon avis ce sera fait d'ici mardi soir», estime Christian Salomé, président de l'association L'Auberge des migrants. Lors de cette opération d'expulsion, des maraudes protégées par les CRS passent dans les cabanes des migrants afin de les convaincre d'opter pour les solutions d'hébergement de l'Etat: la centaine de Centre d'accueil et d'orientations (CAO) disséminés en France, les places restantes parmi les 1500 disponibles au Centre d'accueil provisoire (CAP), ou encore 450 places en tentes de la Sécurité civile. De nombreuses associations s'étaient opposées à ce démantèlement, mais leur recours devant la justice administrative avait été rejeté sauf en ce qui concerne «les lieux de vie» collectifs, qui doivent être préservés.
Les résidents de la «Jungle» sud, au nombre d'un millier selon l'Etat, de plusieurs milliers selon les associations, «ont été chassés de leur pays par la guerre et les bombardements, ils sont à nouveau chassés ici de leurs abris», dénonce Christian Salomé. Pour lui, «la plupart des réfugiés chassés de la partie sud sont allés dans la partie nord», soit en y déplaçant leurs cabanes, soit en s'installant dans des tentes collectives. «La différence avec avant, c'est que les gens qui arrivent au CAP ne le font plus de façon volontaire, mais subie», constate Stéphane Duval, directeur du CAP et d'un autre centre d'accueil.
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Ces opérations de démantèlement se poursuivent alors que nous avons appris que samedi matin une manifestation non autorisée de militants d'extrême droite s'est déroulée dans les rues de Calais. Bernard Cazeneuve a assuré que la France ne laissera pas «quelques extrémistes instrumentaliser la question migratoire à Calais». Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur annonce que «quatre-vingt individus d'un groupuscule d'extrême droite ont tenté de troubler l'ordre public dans la ville, avant d'être rapidement dispersés par l'intervention rapide et efficace des forces de l'ordre». Environ 80 personnes selon la préfecture, 130 selon un communiqué du groupuscule Génération identitaire, s'étaient réunis dans la ville pour protester contre la présence de migrants dans le camp de Calais.
Les manifestants sont parvenus à bloquer un temps deux ponts de la ville. «Ils portaient des banderoles, ont enflammé quelques pneus et avaient des fumigènes», a déclaré Etienne Desplanques, directeur de cabinet de la préfète Fabienne Buccio. Des photos et une vidéo publiées sur Twitter montraient plusieurs groupes de jeunes assis à même le sol, certains portant des banderoles «No Way» (»On ne passe pas»), «Go Home» (»Rentrez chez vous»), et des policiers encerclant l'un des groupes.
Le parquet de Boulogne-sur-Mer a rapporté en début de soirée à l'AFP que les gardes à vue avaient été prolongées et que la décision d'éventuelles poursuites serait prise dimanche.
Le parquet a également précisé que l'une des 14 personnes en garde à vue est le jeune homme qui avait brandi un fusil en marge d'une manifestation de soutien aux migrants, le 23 janvier. Il avait été interpellé mais n'avait finalement pas été poursuivi par le ministère public.
Plusieurs associations ont dénoncé ces dernières semaines une recrudescence des agressions contre les migrants. Cinq hommes soupçonnés d'avoir agressé des migrants au début de l'année ont été interpellés à Calais et dans sa région pendant la semaine écoulée. Les cinq jeunes adultes sont notamment soupçonnés d'avoir frappé et dépouillé de leurs affaires des migrants syriens mi-janvier à la gare de Calais. Ils ont été placés en garde à vue.
Amaury Peyrach'
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