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vendredi, 18 mars 2016

La rébellion de l’identité

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On assiste à la mondialisation d’un phénomène: la révolte des opinions contre l’arrogance au pouvoir. Celle d’Obama, Merkel et Hollande.

La gauche française disparaît dans trois élections partielles ; l’extrême droite allemande surgit dans trois Länder de plus ; la campagne électorale américaine se tend entre deux électorats extrêmes et déterminés. Quelque soit le front, en Europe ou en Amérique, les “populistes” que l’on méprise et que l’on caricature se vengent dans les urnes. Et de plus en plus rudement.

Entre nos élections partielles, les scrutins dans les Länder allemands et les primaires américaines, républicaines ou démocrates, il existe un point commun, la réaction identique d’une même population, classe moyenne ou populaire, travailleuse dans tous les cas, qui s’estime humiliée à la fois par le haut et par le bas : par des élites dirigeantes ultra-fortunées d’un côté, par des flots migratoires d’étrangers de l’autre, les unes vivant dans le confort de leur “bulle”, les autres dans la revendication permanente de droits supplémentaires qu’ils font payer par l’impôt.

Dans tous les cas, on assiste à la mondialisation d’un phénomène : la rébellion de l’identité. Rébellion qui s’est levée contre trois dirigeants politiques, chacun emblématique de la même arrogance au pouvoir : Barack Obama, Angela Merkel, François Hollande. Chacun dans leur genre et dans leur expression, ils ont passé leur temps à mépriser ces électeurs qui ne leur ressemblaient pas. Et ce mépris répété a fini par susciter une colère d’abord froide, puis bruyante, exaspérée, extériorisée. Le trait propre à Obama, Merkel et Hollande se résume en un mot : ils ont raison sur tout, n’ont donc aucune intention de changer d’opinion, certains qu’ils sont que ce phénomène de rébellion identitaire sera passager puisqu’il sera en définitive submergé, là-bas, par les vagues hispaniques, mexicaines, ici, par les flots ininterrompus de réfugiés islamiques et moyen-orientaux.

Mais ils se trompent et c’est comme cela qu’ils ont déclenché ces conflits souterrains sur leurs propres sols, dont ils ne mesurent pas la portée profonde. Il y a un an, dans les départements du Nord et de l’Aisne, la gauche représentait encore un quart de l’électorat. Sur des terres qui, historiquement, lui étaient acquises ! Aux élections régionales, ce fut un coup de tonnerre supplémentaire : elle ne figurait même plus au second tour… Les élections partielles du 13 mars ont confirmé cette élimination comme si elle devait être définitive. Dans les Yvelines, la gauche n’avait déjà plus un seul élu départemental à l’issue des élections du printemps 2015 ; il ne lui restait, dimanche dernier, qu’un résidu symbolique de 13 % des voix…

Or, son élimination de l’Aisne et du Nord, la gauche ne peut pas ne pas l’avoir anticipée — comment dire les choses autrement alors qu’elle se présentait divisée entre cinq candidatures ! Mais qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il n’y a plus d’autorité à la tête du Parti socialiste, que le tissu de la gauche est profondément déchiré et que ce sont là des fractures durables. Au profit de qui ? De la droite et du Front national, certes, ce qui, au second tour, se traduit par le succès de la droite. Comme toujours, des partielles ne sont que des partielles, et ces deux circonscriptions étaient déjà détenues par la droite ; pour autant, cela ne vaut pas moins qu’un sondage. Ce qu’il faut retenir ici : le candidat de gauche disqualifié dès le soir du premier tour, c’est ce qui se profile pour la présidentielle dans treize mois.

Les Allemands voteront aussi en 2017, pour leurs élections générales. Ce qui s’est passé, le 13 mars, en Rhénanie-Palatinat, en Bade-Wurtemberg et en Saxe-Anhalt préfigure d’autres bousculades et d’autres tremblements. Entre les trois Länder où se déroulait un scrutin régional, il y avait 331 sièges à pourvoir ; le parti Alternative für Deutschland (antieuro, anti-immigration) en a obtenu 61, soit 18 % de sièges, contre zéro au scrutin précédent. Cette entrée fracassante, Mme Merkel ne la doit qu’à elle-même. Tout y a concouru, le déferlement des immigrés, les événements de Cologne, les défilés de Pegida. C’est en Saxe-Anhalt que cette droite radicale a obtenu ses scores les plus élevés, c’est-à-dire dans l’ancienne Allemagne de l’Est, au plus près de l’Europe orientale. En commentant ces résultats, la chancelière a précisé que cela ne changerait en rien sa politique. Acharnement et mépris de l’électeur dont elle paiera les conséquences, en septembre 2017, en provoquant, d’une part, la défaite des siens et, d’autre part, l’entrée au Parlement d’élus qui n’y avaient pas mis les pieds depuis la guerre…

Quant à Barack Obama qui, lui, quittera ses fonctions au début de l’année prochaine, que laissera-t-il de l’Amérique ? Une nation éclatée entre ses extrêmes, privée d’autorité et de commandement et qui s’interroge sur son destin. Devant l’islam conquérant, l’Occident étale ses faiblesses et ses crispations.

François d'Orcival, de l’Institut

Source : Valeurs actuelles

 

 

 

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