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lundi, 21 mars 2016

Alban Gérard : Immigration de masse : quand l’humain devient une marchandise comme les autres

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Longtemps, les salaires ont été la variable d’ajustement du capitalisme. Aujourd’hui, les grandes migrations semblent participer du même concept. Une fois de plus, la marchandisation de l’être humain ?

La tentation de l’utilitarisme du prochain chez l’homme est malheureusement vieille comme le monde. Ce qu’il y a de nouveau à notre époque c’est qu’il s’accompagne d’un discours moralisant voire compatissant : tout ceci se passerait pour leur plus grand bien !

Non seulement les migrations seraient un fait sur lequel personne ne pourrait rien, mais qui serait positif par essence. Les hommes en exil trouveront des femmes dans des sociétés plus permissives, du travail et la liberté d’expression dont ils étaient privés dans leurs pays d’origine.

Les intentions sont pourtant peu philanthropiques et, pour les révéler, nous avons Jacques Attali, sorte de boussole inversée.

Pour ce dernier, nous avons besoin de migrants pour sauver l’économie moribonde de l’Europe. Les migrants sont la nouvelle chance de la France, de l’Europe !

C’est oublier que quitter la terre de ses ancêtres est toujours un arrachement, et qu’a fortiori, pour fuir une guerre, cela ne s’appelle rien d’autre qu’un exode !

Les Allemands ont besoin de cette immigration de masse pour combler leur déficit démographique et trouver de la main-d’œuvre qualifiée à bas prix. La Turquie, qui en accueille déjà deux millions sur son territoire, s’en sert comme monnaie d’échange vis-à-vis de l’Europe. Immigrés accommodés à toutes les sauces ?

Le gouvernement turc devient de plus en plus autoritaire. Le dernier exemple : le journal d’opposition Zaman a fait l‘objet d’une mise sous tutelle par le pouvoir islamiste, sans que les Européens réagissent fortement. Les migrants, c’est l’arme de la Turquie sur une Europe devenue peu sûre d’elle et soumise à l’Histoire sur laquelle elle a peu de prise. Sans accepter le moindre compromis, la Turquie peut donc se durcir à l’intérieur, voire mener une stratégie d’alliance avec Daech tout en reprenant les négociations d’adhésion avec l’Union européenne. Bravo, l’artiste !

Face à cela, l’Allemagne montre un visage caricatural de l’Europe. À la fois culpabilisée par son histoire dans son inconscient collectif et à la recherche de nouvelles perspectives économiques pour redynamiser sa croissance. Madame Merkel a pu être adulée dans les magazines internationaux le temps de quelques unes pour sa décision d’accueillir en masse ces nouveaux flux. Il est fort à parier qu’elle n’aura pas pour autant le prix Nobel de la paix pour avoir accueilli un million de migrants pour ses jobs à un euro de l’heure.

Quant à Emmanuel Macron, il menace d’envoyer ceux de Calais en Angleterre en cas de Brexit. Un peu comme Daech qui y voit un moyen de pression sur cette même Europe et l’occasion d’infiltrer des terroristes potentiels. Finalement, ne serait-ce pas leur rendre service que de les aider à combattre chez eux, pour leur souveraineté ?

L’histoire récente doit nous inspirer la plus grande prudence quant à notre ingérence au Moyen-Orient. Les interventions occidentales dans la région lors des dernières décennies, officiellement au nom de grands principes, mais pour des raisons moins avouables, ont fait beaucoup de mal. Le résultat est implacable : la méfiance, voire l’hostilité des populations locales, le chaos parfois.

On pourra, surtout, noter que nos dirigeants ne sont pas à une contradiction près. S’interroger sur le bien-fondé de l’accueil de nouvelles populations sans perspective, c’est être, pour nos donneurs de leçons, un populiste agitateur des peurs !

En revanche, ils n’hésitent pas à utiliser le fantasme d’une masse de migrants prête à se jeter sur les Anglais lorsqu’il s’agit de faire campagne contre le « Brexit ». Alors, les migrants : chance pour le continent ? Menace pour l’autre côté du Channel ? Décidemment, nos politiques, en termes de parole publique, osent tout ; et c’est même à ça qu’on finit par les reconnaître !

Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

Source : Boulevard Voltaire

 

 

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