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mardi, 22 mars 2016

A Sevran, les derniers jours de la mosquée controversée

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D’un côté de la rue, des enfants jouent dans la cour de récréation de l’école Saint-Exupéry. De l’autre, des policiers municipaux et des agents de la ville de Sevran ont l’œil sur des ouvriers en train de murer des locaux vides du centre commercial Charcot. Sous le regard incompréhensif d’un riverain : «On va aller où maintenant ?» lance cet homme étonné par ce chantier surprise.

Un chantier qui va permettre, sujet sensible, de fermer la contestée mosquée Tawhid, autrement surnommée mosquée des Radars, voire «mosquée Daech» par ses détracteurs.

Parmi ces derniers, les parents de Quentin Roy, jeune Français mort en Syrie en janvier 2016. Ils ont même publiquement accusé le maire Stéphane Gatignon (UDE) d’avoir fermé les yeux sur cette salle de prière qu’ils soupçonnent d’être une base arrière pour les recruteurs islamistes.

«On mure les locaux dont on est propriétaire en attendant le rachat des derniers lots, explique Stéphane Gatignon. A terme, nous comptons démolir le centre.» L’élu espérait réaliser cette démolition fin 2015 dans le cadre d’un vaste chantier de reconstruction du centre commercial. «On travaille main dans la main avec Sevran», aussi bien pour la rénovation urbaine que contre la radicalisation, précise Alain Bucquet, le sous-préfet du Raincy.

Cours d’arabe aux femmes et aux enfants

D’ici à mercredi, six locaux seront murés, dont cette salle de prière que plusieurs jeunes de Sevran ont fréquentée avant leur départ en Syrie. C’était en 2014, l’année où les locaux ont changé d’occupants, relate le propriétaire des lieux, Dhaou Meskine (lire ci-contre).

«Les anciens locataires sont partis sans préavis et m’ont dit que des jeunes reprenaient les lieux, se souvient-il. Ils m’ont dit qu’ils avaient de bonnes relations avec la mairie.» Il affirme avoir récupéré à l’été 2015 les clés auprès de ces «jeunes» avec qui il est resté en contact.

Et ces «jeunes» ne sont pas partis bien loin : leur association a investi les locaux contigus... qui appartiennent à la mairie, «pour donner des cours d’arabe aux enfants et aux femmes, et prier cinq fois par jour. On reçoit près de 200 personnes», indique un représentant de cette association.

Ce père de famille de 33 ans qui se fait appeler Abdul Hakim est restaurateur. Il admet assurer des prêches de temps en temps. Il ne serre pas la main aux femmes et convient qu’il a une pratique rigoriste de l’islam mais dément faire la promotion de Daech même s’il a été assigné à résidence pendant trois mois.

«Vous pouvez dire que je suis radical si vous voulez», répond-il, sans se sentir responsable des départs en Syrie des fidèles passés par sa mosquée : «Quentin et ses amis allaient aussi dans d’autres mosquées. Quentin, on l’a vu seulement pendant trois mois, comment peut-on nous accuser d’être à l’origine de son départ ? On nous reproche une quinzaine de départs de djihadistes, mais on n’a pas subi de perquisition, ni à la salle, ni chez moi...»

Il ne pense pas non plus qu’Ilyes, parfois présenté comme un recruteur, ait pu jouer ce rôle auprès de Quentin, qui «avait une connaissance théologique supérieure». «On croyait que Quentin voulait partir en Egypte pour approfondir ses connaissances. Pas en Syrie...»

Désormais, les jours de sa mosquée sont comptés. Mercredi, il faudra avoir vidé les lieux.

Carole Sterlé

Source : Le Parisien

 

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