mardi, 22 mars 2016
Franchir le Rubicon…
Après quatre mois de cavale c’est à quelques encablures de l’appartement de ses parents, dans « son quartier » (très pluriel) de Molenbeek que la présumée cheville ouvrière des attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam, a finalement été interpellé vendredi. Une arrestation tardive qui alimente les critiques sur l’efficacité des services de renseignements et de sécurité intérieure belges. Beaucoup s’interrogent aussi sur les complicités, les solidarités communautaires qui ont permis au terroriste le plus recherché d’Europe d’échapper longtemps à la police. Le gouvernement turc a également mis en cause l’Etat Islamique dans le nouvel attentat suicide qui a tué samedi à Istanbul deux Israélo-Américains, un Israélien, un Iranien et blessé 39 personnes, dont 24 touristes étrangers. La multiplication des attentats attribuées à l’EI en Turquie, alors même qu’Ankara, qui a rejoint officiellement la coalition anti Daech cet été, a longtemps soutenu les islamistes pour abattre le régime laïque syrien, a d’ores et déjà de lourdes répercussions économiques. La saison touristique s’annonce déjà catastrophique.
Autre sujet d’inquiétude, la réactivation du sanglant conflit kurde, du cycle des attentats du PKK (extrême gauche kurde) auxquels répond une féroce répression militaire, menace grandement la stabilité de la Turquie. Les coups portés par les djihadistes sur le sol turc prouve une nouvelle fois qu’on ne joue pas impunément avec le golem islamiste que certains pensaient pouvoir manipuler et contrôler aisément. Les Européens constatent eux que malgré l’accord scellé entre Ankara et l’UE sur les « migrants », l’invasion continue.
Ledit accord, qui entrait en application hier dimanche, octroie à la Turquie une aide financière cumulée de six milliards d’euros, la libéralisation des visas pour les citoyens turcs et une ouverture accélérée de nouveaux chapitres d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. En contrepartie il doit permettre le renvoi en Turquie des immigrés débarquant en Grèce depuis les côtes turques. Mais aussi l’engagement du gouvernement de Recep Tayip Erdogan, de tout faire pour empêcher le débarquement sur le rivage européen des « réfugiés », Maghrébins, Syriens, Erythréens, Somaliens, Soudanais, Afghans, Pakistanais, Irakiens et autres Sri Lankais, sachant que plusieurs dizaines de milliers d’entre eux, désireux de gagner le nord de l’Europe, sont déjà hébergés sur le sol grec. Or une douzaine de bateaux surchargés d’immigrés ont débarqué ce dimanche dans l’île grecque de Lesbos.
Les doutes sur la capacité, voire la volonté de Bruxelles et d’Ankara de stopper ce tsunami migratoire sont partagés par de très nombreux Européens et Français, à commencer par les électeurs du Front National. L’Express expliquait pour sa part hier sur son site, à la lumière de la percée électorale aux élections régionales la semaine dernière d’Alternative pour l’Allemagne (Alternativ für Deutschland, AFD) en quoi « l’AfD est bien un FN allemand. »
Une assimilation rejetée par la co-présidente de l’AfD Frauke Petry, utilisant peu ou prou les mêmes arguments que les dirigeants de UKIP pour se démarquer du FN : »Nous n’avons aucun contact avec le Front national. C’est un parti socialiste ancré à gauche et proche de l’extrême-droite. Alors que nous sommes un parti libéral-conservateur … Le fait que dans la période actuelle, des partis apparaissent en Europe avec des positions euro-critiques communes pour lutter contre les politiques catastrophiques de nos gouvernements, ce n’est pas étonnant. »,
Pourtant affirme ce même article, « les deux partis présentent l’euro et l’Europe comme des carcans économiques et politiques, symboles de la collusion des élites politiques et financières. L’AfD et le FN veulent donc abandonner la monnaie unique et renégocier les traités européens. » « L’analyse rapide des programmes, des stratégies et du profil des adhérents révèlent peu de différences, hormis sur le chapitre économique », l’AfD campant sur une ligne plus libérale.
Tous les analystes soulignent que c’est bien le rejet de l’immigration massive qui explique principalement la montée en puissance des mouvements nationaux, patriotiques, l’Europe de Bruxelles étant aussi perçue comme une entité défendant bien mal l’identité européenne.
C’est pourquoi, la ligne de partage politique reste plus que jamais entre d’un côté les défenseurs des identités et des souverainetés nationales, de l’Europe des patries et de l’autre les dirigeants des partis qui, vaille que vaille, défendent le projet euromondialiste.
C’est-à-dire note Bruno Gollnisch, ceux qui tentent de faire croire aux Français victimes du l‘idéologie sans-frontiériste dans tous les domaines, à nos six millions de chômeurs et huit millions de pauvres, que leur politique inféodée à Bruxelles fera demain ce qu’elle n’a pas su, pas pu, ou pas voulu faire hier.
Nos compatriotes doivent impérativement en avoir conscience. Nous pensons notamment à ceux qui renoncent (pour l’instant?) à utiliser l’arme du vote pour reprendre la maîtrise de leur destin. Hier, les deux candidats LR en lice au second tour dans la 10e circonscription du Nord et dans l’Aisne ont été réélus respectivement face aux frontistes Virgninie Rosez et Sylvie Saillard-Meunier avec 67,92% et 61,14% des suffrages. le PS avait appelé à voter pour le parti de Nicolas Sarkozy. Pour autant, seulement un électeur sur cinq dans le Nord et un sur trois dans l’Aisne se sont déplacés pour voter.
Sans sursaut dans les urnes rien ne sera possible, et il faudra aussi que les patriotes sincères, les personnalités, les élus présents dans des partis dont ils réprouvent les évolutions, aient le courage de rompre avec le petit jeu politicien, de franchir le Rubicon, de rejoindre l’opposition nationale. La campagne présidentielle qui s’annonce doit permettre cette clarification, il en va du salut de la France.
Bruno Gollnisch
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