mercredi, 23 mars 2016
Extension de mosquée et d’école musulmane à Champigny : dialogue compliqué sur un sujet sensible
Au-delà du projet d’extension de l’école musulmane de Champigny-sur-Marne, appelée de ses voeux par l’Amicale des Musulmans campinois, en raison du succès de l’école primaire privée ouverte il y a un peu pus d’un an, se pose aussi la question des lieux de culte dans la ville.
Comment encadrer le développement des écoles confessionnelles musulmanes, dont la proportion par rapport au nombre de fidèles dans le pays, est très inférieure à celle d’autres religions, et comment également encadrer le développement des lieux de culte? C’est à cette double question que la ville de Champigny-sur-Marne est confrontée, dans un contexte compliqué où une partie de sa population est musulmane tandis qu’une autre fraction de ses habitants voit avec appréhension l’installation de toute organisation promouvant la religion musulmane.
Pour le maire de Champigny-sur-Marne, Dominique Adenot, la question est légitime, compte-tenu de l’importance de la population, mais elle doit être concertée. « Je ne suis pas contre les projets par principe mais refuse le forcing« , résume ainsi l’élu. « Pour avancer, commençons par nous mettre autour de la table et discutons. Nous sommes ouverts à la discussions mais il n’est pas question de nous imposer un projet« , insiste le maire PCF. « L’expérience du Bois l’Abbé a prouvé qu’il était possible d’avancer de manière constructive en concertant tout le monde, reprend l’élu, qui précise par ailleurs combattre tous les amalgames qui prospèrent à propos de la religion musulmane.
Pour l’Amicale des Musulmans campinois, la mosquée des Boullereaux, située à la même adresse que l’école musulmane Montessori et ouverte deux ans avant, est bien une vraie mosquée reconnue comme telle, et les projets d’extension ont été présentés en toute transparence. « Nous avions un beau projet de mosquée que nous souhaitions construire un peu plus loin, sur un terrain qui appartient à la Drire, près de la voie ferrée, mais cela n’a pas pu se faire. La Drire nous indiqué que ce n’était pas possible techniquement. Finalement, nous louons ce terrain pour faire garer les voitures et éviter qu’elles occupent la rue. Nous manquons de place. Actuellement, la moitié des fidèles sont dehors lors des prêches à Bois L’Abbé, et c’est pareil chez nous », explique Khalid Laiche, responsable du pôle citoyenneté de l’association.
C’est dans ce contexte que l’association veut acheter un nouveau pavillon avec un grand terrain un peu plus loin, dans le sentier des Simonettes. « Il y a une grande maison dans laquelle nous pourrons installer la mosquée qui suffirait à accueillir les fidèles , et un grand terrain de plus de 1000 m2 sur lequel nous prévoyons de construire l’école. La mosquée et l’école seront séparée par un mur. En contrepartie, nous revendrons la propriété de la rue Eugène Varlin pour financer l’achat de ce nouveau terrain, car nous ne sommes pas financés par le Qatar! Nous n’avons rien à cacher et avons sollicité un rendez-vous avec la mairie pour présenter les plans avec un architecte et un maître d’ouvrage, mais ce rendez-vous a été décalé à plusieurs reprises et doit désormais se tenir le 30 mars », détaille Khalid Laiche.
Les parents de l’école, eux, sont motivés. « Mon fils est bien plus heureux qu’il ne l’était dans l’école publique. Il a de meilleures notes« , indique un père d’élève. « Il n’y a pas assez d’écoles privées d’influence musulmanes. L’école s’est très rapidement faite une bonne réputation. On sait que les enfants y apprennent des choses qui correspondent à leur culture et au monde actuel, dont la France fait partie. Mais ils sont tous Français avant tout et iront à l’université s’ils veulent faire de longues études », indique un autre, venu de Seine-Saint-Denis.
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