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lundi, 28 mars 2016

Les politiques cherchent les «Molenbeek français»

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Selon le ministre de la Ville, il y a «une centaine de quartiers en France» qui présentent des «similitudes potentielles avec Molenbeek», le quartier bruxellois connu pour être un foyer du terrorisme islamiste.

C'est un constat qui ne devrait pas apaiser les peurs. Dimanche, le ministre de la Ville, Patrick Kanner, a reconnu qu'une «centaine de quartiers en France» présentent «des similitudes potentielles avec Molenbeek», quartier bruxellois frappé par la pauvreté et le communautarisme, qui a acquis une réputation de fief djihadiste depuis les attentats parisiens de novembre. «Mais il y a une différence énorme aussi (...), nous prenons le taureau par les cornes dans ces quartiers», a juré le socialiste.

«Molenbeek c'est quoi? C'est une concentration énorme de pauvreté et de chômage, c'est un système ultra-communautariste, c'est un système mafieux avec une économie souterraine, c'est un système où les services publics ont disparu ou quasiment disparu, c'est un système où les élus ont baissé les bras», a égrené Patrick Kanner interrogé au Grand Rendez-Vous Europe 1-ITélé-Le Monde. Pour le ministre, «les émeutes de 2005 ont permis manifestement un développement du salafisme» dans les quartiers populaires en France. «Il y a eu un développement du salafisme international» et, «en 2005, il y a eu une fragilisation d'une partie de la jeunesse à travers ces émeutes urbaines», et c'est «dans ce cadre-là que nous avons vu des prédateurs s'installer dans les quartiers», a-t-il indiqué.

La recherche des “Molenbeek français” agite de plus en plus les responsables politiques français. Jeudi soir, alors que la police découvrait une planque terroriste à Argenteuil (Val d'Oise), le porte-parole des Républicains Guillaume Larrivé a pointé du doigt sur ITélé cet «endroit où la situation a dérivé», reprenant à son compte la formule également utilisée par Bruno Le Maire. «Il y a l'équivalent de Molenbeek en France, dans certains quartiers», a prévenu sur LCP le candidat à la primaire de la droite.

Les maires des communes concernées s'agacent

Une appellation qui offusque les maires des communes concernées. L'élu LR d'Argenteuil, Georges Mothron a juré que sa commune «n'est pas Molenbeek». «Il est fort regrettable que des membres de mon parti puissent faire une telle comparaison», a-t-il rétorqué vendredi sur Europe 1. Edile de Sevran, Stéphane Gatignon (écologiste) a trouvé «très violent» que «certaines communes» (dont la sienne) aient pu être présentées ainsi. «Si on commence à stigmatiser des villes, où va-t-on?», a-t-il lancé mercredi sur Canal +. Jeudi sur BFMTV c'est le maire de Sarcelles (Val d'Oise) qui disait «ne pas croire» à l'existence d'un “Molenbeek français”. Quant à Yves Jégo, maire UDI de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), il a critiqué sur Facebook la «communication tonitruante, stigmatisante et pour le moins anxiogène du ministre». «L'immense majorité de ceux qui vivent à Molenbeek ou dans nos banlieues sont des citoyens comme les autres qui respectent les lois et les valeurs de l'Europe», ajoute le député.

Dimanche, le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a taclé sur France 5 l'aveu de Patrick Kanner. «Je ne suis pas pour ce discours», a déclaré le député de Paris qui a peur qu'il «stigmatise» les musulmans. «On dissout la concorde nationale», a-t-il poursuivi, indiquant qu'il aurait préféré que le ministre dise «qu'il y a des poches, des immeubles mais qu'il n'y a pas de quartiers» semblables à Molenbeek. «Dans les quartiers il y a des réussites et des diplômés», a-t-il dit.

Même critique du conseiller régional PS d'Île-de-France Julien Dray. S'il reconnaît l'existence d'une «ghettoïsation urbaine» dans laquelle progresse les «problèmes sociaux qui sont même parfois devenus des problèmes ethniques», il met en garde contre la désignation de “Molenbeek français”. «On croit qu'avec des formules on résout les problèmes. On cède aux facilités de la communication et ça ne livre aucune information réelle», a-t-il réagi dimanche lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro tout en admettant la présence de «noyaux islamistes qui essaient d'utiliser ces problèmes sociaux (et) de les instrumentaliser».

Tristan Quinault Maupoil

Source : Le Figaro

 

 

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