mardi, 29 mars 2016
Le Royaume-Uni durcit sa législation contre l’immigration
Le Royaume-Uni est en plein débat sur la sortie ou non de l'Union européenne (le « Brexit »). Le mouvement Leave.EU est l'un des acteurs de cette campagne. Dans le camp de ceux qui militent pour que le pays quitte l'UE. Mais il est aujourd'hui pris dans ses propres contradictions : des journalistes du Guardian ont découvert que des immigrés européens travaillent dans le centre d'appels qui a été mis en place pour relayer, auprès de l'opinion anglaise, le discours du mouvement, dont le principal donateur est Arron Banks, millionnaire et indépendantiste.
Or, la campagne de Leave.EU est soutenue par le Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP), le parti europhobe de Nigel Farage, qui déclare régulièrement à qui veut l'entendre que « les immigrés sous-qualifiés volent le travail des Britanniques ».
Le Guardian a découvert le pot-aux-roses par hasard, lors d'une visite guidée du local de campagne de Leave.EU. Il s'est avéré que l'un des employés n'était pas vraiment le Britannique « pur jus » que les europhobes du UKIP souhaitent voir privilégié sur le marché du travail.
Slovaque, Rudolph Svats, 36 ans, est arrivé en Angleterre il y a peu, après avoir travaillé quelque temps dans un centre d'appels à Vienne. Arron Banks, qui ignorait l'origine de l'employé, a cru bon de glisser une plaisanterie : « Nous vous garderons après le 23 juin, ne vous inquiétez pas. » Le 23 juin est la date du référendum sur la sortie de l'Union européenne.
Rudolph Svats n'est pas un cas isolé, puisque le centre d'appel de Leave.EU emploie, en tout, quatre personnes venant du continent européen.
Plus royaliste que le roi
Rappelons le principe d'un centre d'appels de campagne : téléphoner aux électeurs afin de les convaincre de voter pour son camp. Difficile à imaginer, mais ces citoyens européens consacrent donc leurs journées à faire l'apologie d'une limitation de l'immigration, dont ils font partie.
Mais Arron Banks n'y voit aucune contradiction, comme l'illustre cette pirouette délivrée aux journalistes du Guardian :
« Mon problème, ce n'est pas l'immigration, c'est le contrôle de l'immigration. Elle ne peut pas être illimitée. Je dirais qu'il faut faire venir le nombre de gens dont on a besoin pour faire tourner l'économie. »
Le millionnaire a ajouté, bon prince, qu'il serait mal venu de « discriminer des travailleurs qui se trouvent déjà légalement dans le pays ».
Qu'en pense Rudolph, l'employé slovaque ? Il est lui aussi pour le Brexit, et serait même plus royaliste que le roi, puisqu'il déclare: « Je vois des immigrés de mon pays venir ici et ne pas travailler, et je pense que ce n'est pas bien. »
« Le summum de l'hypocrisie »
Dans le camp des opposants à la sortie de l'Union, l'« affaire » ne passe pas vraiment. Neil Kinnock, un ancien leader du parti travailliste qui soutient la campagne pour le maintien dans l'Union européenne « Britain Stronger in Europe », a déclaré :
« Le fait qu'Arron Banks mène une campagne basée sur la division et la diabolisation, alors qu'il emploie des citoyens européens dans son centre d'appels, c'est le summum de l'hypocrisie. »
Arron Banks, magnat des assurances, a déjà investi 3,5 millions de livres (4,4 millions d'euros) de sa fortune personnelle dans sa campagne pour le Brexit.
Comme le rappelle le Guardian, l'ensemble des donateurs de Leave.EU prévoient de dépenser jusqu'à 8 millions de livres (10,1 millions d'euros) d'ici au 14 avril. A cette date, la commission électorale devra décider lequel des trois groupes pro-Brexit (Leave.EU, Grassroot Out et Vote Leave) fera officiellement campagne pour la sortie de l'Union.
15:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
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