Les Néerlandais ont voté à plus de 60 % contre l’accord d’association entre l’Union européenne (UE) et l’Ukraine. Une victoire pour les eurosceptiques qui pourrait faire des émules dans d’autres États membres.
vendredi, 08 avril 2016
Aux Pays-Bas, un référendum qui fait mal à l’Europe
Quel est le sens du rejet de cet accord par les Néerlandais, mercredi 6 avril ?
La question portait sur l’approbation ou le rejet de l’accord d’association entre l’Europe et l’Ukraine. Signé en 2014 et devant être ratifié par les 28 membres de l’UE pour être valable, ce traité très technique prévoit un rapprochement entre Kiev et l’Union européenne – essentiellement par la création d’une zone de libre-échange et la suppression des visas exigés des ressortissants ukrainiens.
Mais les organisateurs du scrutin, des groupes eurosceptiques qui sont parvenus à récolter bien plus que les 300 000 signatures requises, le reconnaissent : en rejetant l’accord d’association avec 61,1 % des voix, les Néerlandais ne se sont pas prononcés contre ce texte, qui ne les concerne qu’indirectement, mais contre l’Europe en général. Ils confirment ainsi la tradition eurosceptique batave, qui s’était déjà exprimée en 2005 avec le rejet par référendum de la Constitution européenne.
Il faut toutefois relativiser la signification du vote. Compte tenu du faible taux de participation, 32,2 % (soit à peine plus que le seuil de 30 % requis pour la validité du référendum), il ne résume pas le sentiment de l’ensemble de la population néerlandaise vis-à-vis de l’UE.
Quelles sont les conséquences pour l’Europe et l’Ukraine, de la victoire du « non » ?
Le résultat place La Haye en porte-à-faux avec l’UE. Occupant jusqu’à juin la présidence tournante du Conseil de l’UE, le gouvernement des Pays-Bas dirige tous les conseils des ministres des Vingt-Huit. Dans le même temps, et même si le vote n’est que consultatif, il ne peut ignorer la voix des urnes. Le premier ministre libéral Mark Rutte a donc prévenu que « l’accord ne peut être ratifié tel qu’il est actuellement ». Le leader de l’extrême droite, Geert Wilders, s’est quant à lui réjoui, voyant dans la victoire du « non » « le début de la fin de l’UE ».
À l’échelle de l’Europe, le « non » néerlandais peut nourrir l’argumentaire des eurosceptiques, qui ont le vent en poupe à l’approche du référendum sur le Brexit, le 23 juin prochain. Ils pourraient demander l’organisation de référendums sur des questions européennes. « Ils pourront aussi dire, « regardez, les Néerlandais ont voté « non » et on ne tient pas compte de leur vote » », explique Yves Bertoncini, directeur de l’Institut Notre Europe-Jacques Delors.
De fait, le vote ne devrait pas remettre en cause le rapprochement entre l’Ukraine et l’UE. Aucun scénario n’est arrêté, mais le plus probable permettrait aux Pays-Bas de se retirer de certaines dispositions de l’accord, qui resterait valable pour les autres États membres. Sur le plan symbolique, le mal est fait.
Marianne Meunier
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