dimanche, 10 avril 2016
La déradicalisation, c’est pas gagné !
Un article du Figaro nous apprend que la Cour des comptes s’apprêterait à rédiger un rapport sur l’efficacité du PLAT (Plan de lutte antiterroriste) pour lequel, suite aux attentats de janvier 2015, l’État a débloqué quatre-vingt millions d’euros. En ligne de mire, les dépenses concernant les activités et méthodes employées pour les détenus radicalisés. Une effroyable gabegie.
Où est donc passé « l’argent qu’il fallait dépenser rapidement […] parfois sans lien avec la lutte contre la radicalisation » ? Dans des stages de plongée, de catamaran, de parties de foot – dans lesquelles ont été engloutis « des budgets colossaux » ! -, des balades à vélo. Activités par ailleurs « systématiquement refusées par les détenus réellement visés », énumérait un responsable syndical FO. Si on comprend bien, néanmoins tout à fait acceptés par des prisonniers non radicalisés ? Quelle aubaine, pour ceux-là, ces activités extérieures : en 2015, 300 en ont profité pour prendre la poudre d’escampette ! En outre, gageons que « cours de boxe » et « initiation aux sport de combat » rencontrent davantage de succès…
Enfin, les radicalisés rebutés par les stages susnommés peuvent toujours, à l’intérieur des murs de la prison, participer à des projets à la clarté inversement proportionnelle à leur budget. « Lectures citoyennes », à Orvault (18.428 euros), « Pallier la sédentarité », à Caen (14.190 euros), « Atelier de mobilisation citoyenne », à Brest. Enfin, ils le peuvent… à condition que l’intervenant se soit déplacé ou qu’il n’ait pas tout bonnement changé le contenu de la feuille de route !
Hors la prison, les idées ne manquent pas non plus. Dans le Calvados, révèle Le Canard enchaîné, des travailleurs sociaux proposent d’aider élus et agents municipaux « à mieux comprendre et se porter à l’écoute de ceux qui voudraient se radicaliser », stage facturé 2.400 euros les quatre demi-journées. En banlieue parisienne, une association consacrée normalement à la réinsertion souhaite créer une sorte de « service de renseignement » pour débusquer les futurs radicalisés. Quand ? Dans un an, si tout va bien…
C’est donc avec des méthodes à l’inefficacité abondamment avérée, depuis des années, sur de « simples » délinquants que l’État prétend traiter de dangereux prisonniers radicalisés ? Et si l’on s’inspirait plutôt des Boot Camps américains, apparus dans les années 80 et repris au Canada, en Hongrie, en Australie, en Nouvelle-Zélande, avec des résultats sans appel ? Discipline militaire pour mineurs délinquants, « un esprit sain dans un corps sain » : pompes, entraînement physique intensif, travaux d’intérêt général, coupure radicale avec le milieu extérieur ? Un brainwashing (lavage de cerveau) qui débouche sur 85 % de réinsertion réussie (2014) pour des non-radicalisés mais ne fonctionnerait pas, en plus musclé, sur ceux qui le sont ?
Parce que chez nous, l’idéologie a la vie dure. Entre les saines courses dès potron-minet, les corvées de lavage de sanitaires, l’obéissance à la hiérarchie, sans parler des cours enseignés, en France, on n’hésite pas : on opte pour le « dialogue », on évite à tout prix de « stigmatiser ». Les sommes dilapidées sont inversement proportionnelles aux résultats prétendument recherchés ? L’idéologie – par définition – n’en a cure…
Caroline Artus
09:51 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.