lundi, 11 avril 2016
Grande-Synthe: grâce aux bénévoles, la mosquée est presque terminée
C’est la dernière ligne droite pour la mosquée de Grande-Synthe, dont les travaux ont débuté en septembre 2013. Entièrement construite par des bénévoles, elle accueille déjà des fidèles. Mais les salles de classe, notamment, qui serviront à lutter contre l’échec scolaire, sont encore en chantier.
Les moments difficiles, liés à des recours déposés contre le permis de construire, semblent derrière Hamid Bakria et Mohamed Sahraoui. Le président et vice-président du Centre culturel et cultuel du jardin de l’éveil et de la vertu (CEJV) espèrent même que les travaux de l’étage seront terminés pour septembre (ci-dessous). S’il reste les finitions à faire au niveau de la façade, le rez-de-chaussée, lui est fini. Il est même utilisé depuis plusieurs mois, même par les fidèles.
Sans eux, le projet n’en serait pas là. Au départ, la construction du CEJV était estimée à 800 000 € par les entreprises. Un montant auquel s’ajoutaient les 43 000 € d’achat du terrain, « sans les frais de notaire » commente Hamid Bakria. Alors, les fidèles ont décidé de retrousser leurs manches et de réaliser les travaux, sans perdre de vue le passage de la commission de sécurité. Leur décision a divisé par deux, pour l’instant, la facture financée grâce à des dons. Des particuliers ont mis la main à la poche, d’autres mosquées aussi : « Celles de Roubaix, Tourcoing, Amiens, Lomme, Calais, des belges... » Et des fournisseurs ont accordé des délais de paiement.
Mobilisation des savoir-faire et de biscoteaux
L’élan de solidarité a aussi pris la forme d’une mobilisation des savoir-faire et de biscoteaux. « Même l’imam monte du sable » sourit Mohamed Sahraoui. Les jeunes ont pris le parti de participer en se chargeant des tâches les plus physiques. Les retraités, eux, remettent les bleus de travail. Il y a parmi eux d’anciens artisans maçons, carreleurs, électriciens, soudeurs… « Au début, une vingtaine de personnes travaillaient presque chaque jour sur le chantier. Maintenant ils sont sept ou huit », chiffre Hamid Bakria. Rien n’a été laissé au hasard, ils ont même pensé aux quatre emplacements des caméras de vidéosurveillance, au cas où.
Le jour du dernier coup de pinceau marquera la concrétisation d’un projet né il y a trente ans. « Beaucoup m’ont traité de fou », se souvient Hamid Bakria, qui n’a pas baissé les bras face aux refus des précédents maires.
« Il y avait une vraie demande »
Pourquoi construire une mosquée rue Allende, à Grande-Synthe, alors que Sounnah, à Petite-Synthe peut-accueillir quelques 1100 fidèles ? « Il y avait une vraie demande », assure Hamid Bakria. La preuve, la salle dédiée aux femmes, (d’une capacité de 200 places), comme celle des hommes (352) sont utilisées depuis plusieurs mois. Désireux de jouer à fond la carte de la transparence, il est prêt à ouvrir les portes du centre à qui veut le visiter.
Contre l’échec scolaire et l’endoctrinement
Six salles de classe sont en cours de réalisation au sein même du Centre cultuel et culturel du jardin de l’éveil et de la vertu. Une en rez-de-chaussée, pour les personnes à mobilité réduite, et cinq à l’étage. L’idée n’est pas de remplacer l’école, au contraire, mais d’aider dans leur devoir ceux qui sont en difficulté. « Nous voulons limiter l’échec scolaire », confirme Hamid Bakria. Selon lui, il rend « les jeunes influençables » et fait office de premier pas poser sur le chemin de l’endoctrinement. D’ailleurs, les prêches du vendredi sont traduits en français pour éviter ces mêmes dérapages.
Une fois les cours terminés, le mercredi, le samedi… des femmes et l’imam accueilleront les 6-20 ans et les aideront à progresser. « Les jeunes pourront aussi venir réviser au calme, en période d’examens. Ce sera ouvert à tous, pas seulement aux musulmans », ajoute celui pour qui l’ouverture et la transparence sont des valeurs essentielles. Il sera aussi question de respect : celui des autres, celui des règles de la vie en société.
Les salles accueilleront aussi des cours d’arabe littéraire. Un moyen de les épauler dans leur quête de travail, une autre étape parfois compliquée de la vie, en leur ouvrant les portes des pays arabophones.
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