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lundi, 11 avril 2016

Au Danemark, nombre de requérants renient l’islam

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Des centaines de demandeurs d’asile se convertissent au christianisme. Les autorités suspectent une manœuvre

En ce dimanche d’avril, à l’église Apostelkirken à Copenhague, les fidèles assistent à la messe, Bible à la main: des Danois, mais aussi beaucoup d’Iraniens. Hommes et femmes, jeunes pour la plupart et habillés à la mode, ils écoutent grâce à une oreillette l’homélie du pasteur traduite en persan.

Demandeurs d’asile, ils sont de plus en plus nombreux à fréquenter cette église évangélique luthérienne d’Etat pour se convertir au christianisme. Un phénomène également constaté dans d’autres lieux de culte protestants du royaume scandinave.

En effet, selon l’association d’entraide aux réfugiés chrétiens Folkekirkens Asylsamarbejde, au moins 100 Iraniens ont été baptisés depuis la fin de l’année dernière et entre 250 à 300 demandeurs d’asile (Iraniens et Afghans notamment) participent actuellement à des cours de préparation au baptême.

Cet engouement croissant des musulmans pour le christianisme s’explique, peut-être, par le fait que la commission de recours des réfugiés a réexaminé l’année dernière plusieurs cas de refus des services de l’immigration, accordant finalement l’asile à 42 réfugiés convertis qui craignaient d’être persécutés s’ils étaient expulsés vers leurs pays, sur 55.

Ministre préoccupé

Cette poussée de conversions préoccupe le ministre danois du Culte, Bertel Haarder, qui a exhorté les pasteurs à attendre que les demandes d’asile soient examinées pour baptiser ces nouveaux venus.

Visage maquillé, Mashid Hakimi, une Iranienne de 27 ans, est arrivée en septembre dernier au Danemark. «Depuis mon plus jeune âge, j’étais plus attirée par le Christ que par Mahomet. Mon cœur battait pour Jésus. Il me fallait partir pour pratiquer librement ma nouvelle religion.» Elle a ainsi rejoint la Grèce où elle fut baptisée, puis le Danemark où elle «a confirmé» sa foi.

Comme nombre de ses concitoyens, elle attend une réponse à sa demande d’asile. «Le plus dur, dit-elle, c’est de convaincre les services d’immigration qu’on risque notre vie si on nous expulse vers l’Iran.»

«Notre conversion est sincère, même si les autorités en doutent», ajoute Mojgan, 48 ans, «la seule de [sa] famille» à avoir renié sa religion musulmane. Mariée et mère de trois enfants, elle a décidé de quitter Téhéran et de s’enfuir en Occident. «Je ne m’identifiais plus à l’islam où on craint Dieu, alors que dans le christianisme on apprend à l’aimer», confie-elle.

Baptisée, elle attend depuis trois ans une réponse à sa demande d’asile. «Les enquêteurs disent que je mens. Mais je garde la foi», assure-t-elle.

Pour le pasteur Andreas Rasmussen, «la plupart de ceux qui veulent se convertir sont sincères. Ils viennent régulièrement à l’église et participent activement aux cours de préparation du baptême», affirme-t-il.

«Ce processus de plusieurs mois décourage les faux convertis», affirme le pasteur qui met d’emblée en garde les réfugiés: «La conversion ne constitue pas une garantie pour obtenir l’asile.»

Asgar Bayan, 41 ans, opposant politique, a du mal, lui aussi, à convaincre de sa bonne foi. Arrivé au début de 2014 à Copenhague après une fuite de l’Iran où il a connu la prison et la confiscation de ses biens, il a trouvé «paix et sérénité» dans le christianisme. Il jure qu’il n’a pas été baptisé pour accroître ses chances d’obtenir un permis de séjour. «J’ai rencontré Jésus. C’est ma destinée.»

Pressions et agressions

Les réfugiés iraniens convertis ne sont pas seulement confrontés aux suspicions des enquêteurs. Certains d’entre eux subissent également «harcèlements et violences psychiques et physiques de la part des autres musulmans dans les centres de réfugiés», selon les pasteurs d’Apostelkirken.

«J’ai eu écho d’incidents avec des coups de couteau», confie Moj­gan, soulignant l’inquiétude des convertis. Mumtaz, un Afghan de 19 ans, a subi lui aussi ces violences «depuis que je me suis fait baptiser». Il attend une réponse à sa demande d’asile depuis cinq ans. «Un retour en Afghanistan signifierait ma mort», assure-t-il.

Source : Tdg.ch

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