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lundi, 18 avril 2016

Les Livrets de Rachida Dati sur la radicalisation : il manque des mots…

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Rachida Dati a drôlement travaillé. Son rapport intitulé Mon combat contre la radicalisation, au Parlement européen, vient de remporter un franc succès. Adopté à une écrasante majorité de voix, il a de ce pas été envoyé aux autres pays européens qui, d’ailleurs, n’attendaient que lui pour lutter contre la radicalisation.

Un rapport, ça ? Sobrement baptisé les Livrets de Rachida Dati, en fait un insignifiant ospuscule minuscule de douze pages dont six de photos. Rachida au Parlement en train de voter sur le clavier, avec le bras, Rachida en train de s’exprimer. Des bâtiments européens hyper « design », tout en verre et des paysages tout proprets. Et, trop bien, une péniche, avec son toit, en verre, lui aussi. Quelle netteté, quelle transparence, l’Europe ! Comme la définition de la radicalisation de madame Dati.

« Le terme de radicalisation est utilisé aujourd’hui pour désigner l’adhésion de personnes dont les points de vue ou opinions intolérantes et opposées aux droits de l’homme et aux valeurs de la démocratie sont susceptibles de les amener à commettre des actes violents ou dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. »

C’est tout ? Les radicalisés ne se réclameraient-ils pas d’Allah ? Ne les appelle-t-on pas des intégristes, des islamistes, des intégristes islamistes, des terroristes islamistes ? Aurait-on mal entendu ? Bon, mais qui rejoignent-ils, ces radicalisés tout court ? L’État islamique, Daech, Al-Qaïda, Boko Haram, AQMI ? D’après les « Livrets de Rachida Dati », ils partent intégrer « des organisations terroristes ». On est bien avancé…

En revanche, les « Livrets » peuvent être précis. Enfin, ça dépend. Ainsi, on apprend que « plus de 5.000 Européens auraient rejoints des organisations terroristes » (la faute d’orthographe est offerte par Rachida ou, tout du moins, par le rédacteur de cette œuvre éponyme). Et, bien sûr, ces 5.000 Européens, 40 % sont des femmes, 20 % des mineurs et 50 % des « convertis ». À quoi ? C’est bête, Rachida ne le mentionne pas. Par souci de ne pas stigmatiser les bouddhistes, peut-être…

Nous en sommes donc là. Entre un président de la République de gauche, dont les termes précédemment cités écorchent la bouche au point de ne pas les prononcer, et un ex-garde des Sceaux de droite prenant soin de ne pas les écrire, le terrorisme islamique a de beaux jours devant lui, et nous… beaucoup de soucis en perspective.

En outre, ce qui est alarmant, dans cette histoire de Livrets d’une médiocrité à pleurer, c’est qu’ils émanent d’un député européen à la double culture marocaine et algérienne d’origine. D’un parlementaire – selon la loi islamique, de religion musulmane -, qui, en réaction au débat sur le port du voile à l’université ou les menus de substitution dans les cantines, lançait, il y a un an, un lapidaire « Il faut arrêter de délirer ». Et, au motif qu’on « allait encore diviser et fracturer les Français », Rachida Dati considérait même que c’était « un non-sujet ». Apparemment, « l’islamisme » aussi.

Bon, pour tout dire, ces Livrets de Rachida Dati, dont le titre évoque un peu « Les Carnets de Julie », manquent non pas de sel mais tout simplement de mots pour nommer les maux…

Caroline Artus

Source : Boulevard Voltaire

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