jeudi, 28 avril 2016
Campagne contre les discriminations : l'antiracisme à sens unique
Pour lutter contre les discriminations à l'embauche, le gouvernement a lancé la campagne #LesCompétencesD'Abord. André Bercoff s'étonne du deux poids deux mesures qui a cours quand il s'agit de combattre le racisme.
André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.
Le ministère du Travail nous l'affirme, et pourquoi ne pas l'écouter? La France est raciste. Discriminante. Réactionnaire. Sclérosée. Corsetée dans son refus de l'autre en son infinie diversité. D'où la campagne nationale à coups d'affiches, de clips et de posters intitulée «Les compétences d'abord». Il s'agit de combattre ce deux poids deux mesures indicible, honteux mais réel, qui empêcherait les patrons d'employer des hommes et des femmes qui n'auraient pas la même couleur qu'eux. Ainsi, sur une image divisée en deux, on voit par exemple, à gauche une jeune femme blanche à qui l'on susurre: «à demain» et à droite, une jeune femme basanée à qui l'on déclare: «désolé, on ne cherche personne»
Que le racisme soit une tare aussi haïssable que condamnable, nul ne le conteste. Mais désigner, depuis des années, le Blanc comme l'archétype du beauf, des Dupont-la-Joie ; psalmodier en permanence qu'il n'existe pas de racisme anti-blanc alors qu'une foultitude de faits divers prouve le contraire, c'est ajouter, au mécontentement ambiant, une frustration et un sentiment d'injustice qui nuisent à la cause même que l'on prétend défendre. Depuis près de quarante ans, de la naissance de SOS Racisme aux mouvements pro-migrants d'aujourd'hui, on ne cesse de clamer: «Touche pas à mon pote». A une seule condition: défendons ardemment le pote si celui-ci est africain, oriental ou asiatique. Mais s'il s'agit d'un visage pâle ou d'une «face de craie», alors il est normal que l'on s'acharne sur lui et que l'on trouve des excuses à ses agresseurs, puisque, par essence, ce Français «de souche» est un colonialiste, un coupable, un oppresseur, qui doit expier tous les péchés de ses ancêtres qui ont occupé, pillé et massacré des populations entières. Par exemple, selon la doxa régnante, seuls les Occidentaux auraient été esclavagistes et il n'y aurait eu aucune traite négrière organisée et soutenue pendant des siècles par des Africains et des Arabes, ni aucune épuration ethnique au Soudan et au Rwanda, au Biafra et au Yémen: cela ne se peut. Seule l'hémisphère Nord a le monopole des génocides.
Récemment, en France, par exemple, on a appris que pourrait se tenir cet été un «camp décolonial» interdit aux blancs. En fait, ce qui se construit ici, à l'insu du plein gré de responsables sourds et aveugles, c'est l'exact pendant des racismes propres à l'extrême-droite de l'entre-deux guerres et d'aujourd'hui. Une espèce de délire de la différence qui, par vengeance mémorielle et commémorations à l'envers, s'attache à répandre, heureusement pour le moment à basse température, les théories qui firent le bonheur de l'Allemagne et de l'Italie des années 30. Ce n'est pas en pratiquant le retour haineux de balancier et la discrimination à l'envers que l'on fera avancer les mœurs et les esprits dans une France moins apaisée que jamais, et où, pour certains, faire de la politique consiste à ajouter encore plus d'huile sur un feu qui couve de moins en moins. Les compétences d'abord? Absolument. A condition que les Gribouille cessent d'être à la manœuvre.
André Bercoff
08:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
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