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vendredi, 29 avril 2016

Salah Abdeslam à Fleury-Mérogis : la population carcérale divisée

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Salah Abdeslam est arrivé hier soir aux alentours de 19 h 30 en sa nouvelle demeure, Fleury-Mérogis. Les prisonniers de la plus grande maison d’arrêt du continent ont réservé un accueil étonnant à leur nouveau compagnon d’infortune. Celui qui était encore, il y a peu, l’homme le plus recherché d’Europe, a divisé la foule d’obédience « islamo-racaille » qui peuple nos prisons.

Si l’arrestation du terroriste islamiste s’était déroulée de façon spectaculaire, son incarcération en France ne l’a pas été moins. Escorté par une vingtaine de gardes, issus de la gendarmerie et de l’administration pénitentiaire, aidés d’un hélicoptère en stationnement bas, Salah Abdeslam ne pouvait pas passer inaperçu. Et ce, d’autant plus que son arrivée était diffusée en direct à la télévision. Brisant la monotonie du morne quotidien des taulards, l’exécutant des basses œuvres mortelles de l’État islamique aura pu ainsi mesurer sa popularité, toute relative, dans son milieu naturel.

Selon plusieurs témoins cités dans les médias nationaux, les partisans et les détracteurs du dixième homme ont fait jeu égal à l’applaudimètre. Les acclamations ne surprendront pas ceux qui connaissent l’opinion générale de la voyoucratie « nationale », souvent sympathisante de la cause terroriste, ou au moins indifférente. Les terroristes sont des vedettes dans de nombreux quartiers, pudiquement qualifiés de « populaires ».

On se souviendra, d’ailleurs, d’une chanson du groupe de rap lyonnais Zone 3 qui, reprenant parodiquement « La Marseillaise », lançait : « Si tu fermes pas ta gueule, on te la fait à la Merah. » Issus des mêmes quartiers, biberonnés à l’infra-culture et souvent dotés de curricula vitae criminels qui tiennent lieu de diplômes, les terroristes passent pour s’être purifiés par la pratique d’un islam, perçu, à tort ou à raison, comme celui des origines. Dans ces conditions, il n’est guère surprenant que Salah Abdeslam, un frère, soit élevé au rang de héros de la communauté.

Les lecteurs les plus ignorants auront probablement espéré, à la lecture de ce rapide exposé, que les détracteurs du terroriste soient les ultimes reliquats du patriotisme en ces lieux peu accueillants. Si vous étiez dans ce cas, sachez que vous vous trompiez. Il semblerait plutôt que les sifflets et les injures aient été le fait de la frange la plus radicale des détenus. Les islamistes de Fleury-Mérogis, nombreux et influents, semblent reprocher à Salah Abdeslam son attitude durant les attentats parisiens. Il est maintenant su de tous que Salah Abdeslam s’est enfui le soir du 13 novembre, ce qui lui est reproché par les islamistes emprisonnés qui le jugent coupable de trahison, ou de lâcheté.

Il est communément admis que les musulmans représentent entre 60 et 80 % de la population carcérale du pays. Parmi ces prisonniers, combien ressortiront demain commettre des méfaits de plus grande ampleur ? Combien se seront déterminés à basculer dans le terrorisme pour laver les péchés d’une vie précédente faite de crimes ? Combien viendront en aide au terrorisme, indirectement, via les trafics de toutes sortes, tant d’armes que de drogue ? Nos prisons sont des bombes à retardement.

Salah Abdeslam doit être gardé en vie dans cet univers hyper-violent. Son témoignage sera précieux pour comprendre les méthodes opérationnelles de l’État islamique en France et en Europe. Ne surestimons, cependant, pas l’intérêt du personnage, qui se situait au rang le plus bas de la hiérarchie interne de l’organisation. Sven Mary, avocat belge, a récemment déclaré que son client avait l’ « intelligence d’un cendrier vide ».

Gabriel Robin

Source : Boulevard Voltaire

 

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