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vendredi, 29 avril 2016

Gilbert Collard : la torture en question

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« Lorsqu’on a la certitude que l’individu qu’on tient sait où est posée la bombe qui va tuer des innocents, il faut qu’il nous dise où elle est. » Tels sont les propos exacts tenus jeudi matin par Gilbert Collard, député Rassemblement Bleu Marine du Gard, chez Jean-Jacques Bourdin. Nul doute que, dans les jours qui viennent, ces propos seront amplifiés, déformés, exploités par le tribunal de la bonne conscience qui ne connaît pas de vacances judiciaires en notre pays.

Marianne, par exemple, n’a pas traîné (le même jour dès 9 h 55). Reprenant in extenso – reconnaissons-le -, les paroles de l’avocat, Marianne ponctue, entre deux citations, son compte rendu de commentaires qui amènent forcément le lecteur à en conclure que Collard est un abominable salaud : « Décidément, le FN semble avoir un problème refoulé avec la torture », « C’est à cet instant de l’échange que la parole se libère », « Gilbert Collard vient de flatter les bas instincts dans le sens du poil ». Et Marianne, le drapeau de la bonne conscience dans une main, le stylo dans l’autre, de balayer, du revers de sa troisième main, le cas évoqué par Gilbert Collard pour justifier l’emploi de la torture, « en cas de certitude absolue » : « Sauf, évidemment encore, que les choses ne se passent jamais comme cela… » Parce qu’ils en savent quelque chose, chez Marianne, que cela ne se passe et ne se passera jamais comme cela ?

Alors que fait-t-on ?

C’est la question que Gilbert Collard a posée à Jean-Jacques Bourdin, la posant ainsi à toutes les bonnes consciences qui ont le privilège de tenir le haut du pavé médiatique, à tous nos politiques, à notre société, mais aussi à chacun de nous. Jean-Jacques Bourdin n’a pas répondu, évidemment, presque aussi désarçonné que cette pauvrette d’El Khomri lorsqu’elle passa son premier examen du matin chez ce même Jean-Jacques Bourdin.

Que fait-on, pour protéger notre société, notre pays, nos concitoyens ? Faut-il arrêter les « opérations homo » qui ont pour but d’« éliminer » à l’étranger certaines personnes, notamment terroristes, opérations décidées au plus haut niveau de l’État, alors même que la peine de mort est abolie dans notre pays ?

Et le pilote larguant, du haut de ses vingt mille pieds, ses bombes qui vont vitrifier Dresde, tuer 25.000 hommes, femmes et enfants, pour que la guerre cesse plus vite ?

Et ce commando poignardant dans la nuit cette brave sentinelle bedonnante, en train de lire la lettre de sa femme ou de ses enfants, parce que la prise du pont permettra de gagner la bataille et d’épargner des centaines de vies amies ?

Et ce salaud que l’on a réussi à arrêter mais qui a enfermé un petit enfant au fond d’une cave, on ne sait où, et qui refuse de parler…

Cela ne se passe jamais comme cela, Marianne l’a dit. Alors, que fait-on ?

Sans doute faudrait-il lire, ou relire, le livre de Vladimir Volkoff, Le Tortionnaire, son dernier roman paru en 2006, dans lequel est racontée l’histoire d’un lieutenant intègre, animé de fortes convictions religieuses, qui se refuse à malmener un suspect, chef d’un réseau terroriste. À cause des scrupules de ce lieutenant, un attentat atroce est commis : femmes enceintes éventrées, infirmières violées, etc.

Et une fois que l’on a lu, que fait-on ? Pour ma part, je ne sais pas. Marianne est bienheureuse de le savoir.

Georges Michel

Source : Boulevard Voltaire

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