samedi, 30 avril 2016
À Mossoul, Notre-Dame de l’Heure a sauté et tout le monde s’en fout
Le silence médiatique autour de l’explosion de l’église de Mossoul révèle encore une fois l’indifférence de nos « élites » face au sort des chrétiens d’Orient.
Construite par les dominicains dans les années 1870, l’église « Notre–Dame de l’Heure » fut baptisée ainsi en hommage à l’horloge offerte par Eugénie, l’épouse de Napoléon III. Ce présent exprimait toute la sympathie de la France pour ses chrétiens d’Orient.
Avec plus de quarante églises et monastères avant la guerre, la ville irakienne était riche d’un patrimoine catholique, mais aussi de vestiges archéologiques, monuments assyriens et sites de pèlerinage musulman. Interrogée par l’agence Fides, la sœur Luigina Sako, supérieure de la maison romaine des Sœurs chaldéennes Filles de Marie, se souvient que « les coups de cette horloge ont scandé notre jeunesse, lorsque Mossoul était une ville où l’on coexistait dans la paix ».
Or, le climat a bien changé depuis l’occupation de la ville par les partisans de Daech, dès juin 2014. Les terroristes s’acharnent à en détruire les monuments religieux. Les horreurs perpétrées sont innommables. 3.000 chrétiens se seraient enfuis pour échapper à cette extermination. Ce dimanche 24 avril, après avoir pillé l’église, ils ont dynamité son clocher. Daech s’attaque ici symboliquement à la France, et son inertie face à la situation semble de plus en plus révoltante.
Il y a un mois, le dimanche de Pâques, un attentat au parc municipal de Lahore, capitale du Penjab au Pakistan, revendiqué par l’organisation terroriste Jamaat-ul-Ahrar qui visait les chrétiens, a massacré 72 personnes dont 29 enfants. « Pas d’amalgame », nous scande la classe politico-journaliste. Pourtant, il est difficile de ne pas se sentir écœurés en voyant que le pape François baise les pieds de douze réfugiés et ramène avec lui trois familles musulmanes, ne sélectionnant pas les familles chrétiennes parce qu’« elles n’avaient pas les papiers en règle ».
Il faut dire qu’à l’heure où l’Europe est envahie par les migrants, les chrétiens d’Orient qui souhaiteraient se réfugier en France ne le peuvent plus. Et pour cause : selon Bernard Cazeneuve, pour des « raisons de sécurité », le nombre de visas accordés est passé de 300 en janvier 2015 à seulement 84 en janvier 2016.
Constat déplorable mais peu surprenant lorsque le dernier hors-série du Monde intitulé « Être Français » résume notre identité à « cinq siècles » (l’Histoire débute, visiblement, en 1515 avec le « jus soli »), passant sous silence le pacte de Tolbiac ou la triple donation de Jeanne d’Arc, et alors que les manuels scolaires bannissent le nom de grands rois.
C’est le propre des régimes totalitaires que d’effacer le Passé. Mais ne fustigeons pas notre pays ! Tant que la République des Lumières remplacera l’ordre naturel, cautionnant l’amnésie de la gauche, la France ne sera plus elle-même.
Virginie Vota
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